Jean Rouch fut un cinéaste fondateur dans le domaine du documentaire ethnographique. Son film, sorti en 1965, « La chasse au lion à l’arc » est un modèle du genre.
Aux confins du désert du Sahel, les bergers Peuls, dans la brousse où l’espèce humaine se fait rare, le monde semble vivre en harmonie, hommes et bêtes se partageant la nature relativement hospitalière. Mais il arrive qu’on doive chasser le lion venant rôder un peu trop près des vaches.
Jean Rouch nous fait alors découvrir toute la technique de la fabrication de l’arc, celle des flèches à la pointe métallique, celle du poison dont on enduit les flèches, de l’approche du fauve, des pièges qu’on lui tend, au travers d’un discours où le paternalisme et le colonialisme sont totalement absents. Par cette chasse au lion, c’est toute la vie de cette petite communauté de bergers, de ces rites, de ces coutumes, du rôle de la femme, qui nous est dévoilée sans le moindre sentiment de supériorité européenne. A cela s’ajoutent des images splendides, filmées à une époque où les drones et le numérique ne tenaient pas encore le haut du pavé.
Sauf que ce documentaire m’interroge. N’a-t-on pas eu droit à une technique de chasse déjà en 1960 totalement disparue, qu’on aurait ressuscitée pour les besoins de Jean Rouch ? J’en veux pour preuves, toute l’explication racontée de A à Z de manière un peu scolaire, et surtout le retour des chasseurs en Land-Rover ou la boîte à pharmacie sortie pour soigner un berger Peul attaqué par le lion, en lieu et place de la poudre de perlimpinpin du sorcier du coin.
Quoi qu’il en soit, un documentaire fort riche, instructif, passionnant et dénué de tout paternalisme. Du grand cinéma ethnographique !
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