En 2014, Wang Bing nous avait éblouis avec ses « Trois soeurs du Yunnan », film semi documentaire dans lequel, père et mère ayant déserté le village en montagne, trois petites filles, l’aînée avait 10 ans, s’autogéraient quasiment au milieu des animaux, la terre battue et la boue.
Avec son dernier docu, « Argent amer », il nous enchante moins. Certes, on retrouve la patte de Wang Bing, sa façon toute personnelle de suivre de simples citoyens, enfants ou adultes, à tel point qu’on oublierait que la caméra est là, omniprésente, ainsi que le preneur de son. Sauf que la caméra est bien là, en immersion, les « acteurs » lui faisant parfois signe de les suivre.
Quelque part, là où le travail manque, des villageois abandonnent la campagne, pensant obtenir des salaires et des conditions de vie autrement plus enviables à la ville, du côté de Shanghaï. Les milliers de petits ateliers de confection les attendent avec de très petits salaires qu’il faut toujours quémander auprès du patron, des immeubles identiques à l’infini et passablement délabrés, et l’absence totale de perspective. Wang Bing filme tout, jusqu’à une dispute conjugale qui aurait pu mal finir, ou un homme répétant sans cesse qu’il travaille trop lentement, marquant des pauses étonnamment longues devant les machines à coudre en mouvement, des travailleurs dans leur chambre se reposant, ou un banal accident de la circulation. Et c’est bien cette lenteur, qui certes nous plonge dans l’univers chinois, qui pose problème. Quant à la scène de la dispute, elle est totalement ahurissante du point de vue cinématographique, la caméra filmant tout et tournant autour d’un axe quand les protagonistes se déplacent.
Ceci dit, on découvre, même si l’on s’en doutait, l’exploitation capitaliste dans sa forme la plus primitive, le petit patron n’étant certainement pas celui qui s’enrichit le plus sur le dos de ses salariés. Au-dessus, il y en a forcément qui accumulent le capital. Et l’on en vient à penser que si ce prolétariat venait à se révolter, la Chine, qui n’est communiste que de nom, pourrait bien imploser.
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