dimanche 24 décembre 2017

Un chorégraphe contemporain

Photo Benjamin Favrat
Daniel Larrieu, qui fut un des fondateurs de la « nouvelle danse française » au début des années 80, revient régulièrement à Orléans, invité par la Scène nationale, les propositions aujourd’hui devenant sinon une denrée rare, du moins beaucoup moins fréquentes, les budgets culturels des collectivités territoriales souffrant par les temps qui courent. Ces dernières années, nous avons pu le voir dans une création de Thomas Lebrun, « Avant toutes disparitions » qui était une sorte d’hommage de la part du Directeur du CCN de Tours envers son prédécesseur, dans « Divine » où il s’essayait au théâtre face à « Notre-Dame des Fleurs », court métrage de Jean Genet. Les Orléanais avaient aussi pu l’entendre pousser la chansonnette dans des textes homophobes, où l’humour faisait rage.

Fin décembre de cette année, il nous a proposé deux de ses créations ; « Flow612 » et « Littéral ».

Flow612 a été créé avec et pour une classe d’école élémentaire et comme son nom l’indique, pour des enfants de 6 à 12 ans. Dans une structure circulaire, haute de 3 mètres, entourée d’une toile sur laquelle se superposent deux couches de dessins, l’une représentant une jungle, l’autre de petits éléments de la nature, les enfants (ou les adultes qui comme on le sait sont de grands enfants) dansent dans un environnement évolutif de sons et de lumières. On peut alors observer que les deux couches de dessins s’éloignent l’une de l’autre, puis se rapprochent au gré des changements de lumières. Mariage étrange entre la danse, l’image et le son durant vingt minutes.

Littéral a été créé au CCN de Tours pour cinq danseurs et le chorégraphe, qui fêtant ses soixante ans, a conçu le décor animé par 60 balais en paille de riz. La chorégraphie se subdivisant en trois parties, lors de la dernière sur une jolie création musicale de Karoline Rose, une douzaine de balais descendent des cintres et s’immobilisent à mi-hauteur dans des plans différents représentant un immense mobile, symbolisant peut-être les différentes directions que Daniel Larrieu a prises dans sa carrière artistique.
Tee-shirts, jupette ou shorts roses, les danseurs se couvrent tantôt de sortes de sacs poubelle, peut-être là où l’on jette tout ce qui a été oublié après tant d’années de créations chorégraphiques.

Les deux mots qui caractérisent le mieux « Littéral » sont géométrie et fluidité. Le travail des bras est en tout point remarquable, montrant toutes les directions du plateau, enchaînant les mouvements, souvent rectilignes, mais parfois creusant de jolies courbes indiquant que la ligne droite n’est pas toujours le plus court chemin. Les bras s’enchevêtrent comme les corps, Larrieu n’hésitant point à s’immiscer au milieu de ses danseurs, après avoir introduit seul le ballet sur le plateau.

Une heure juste avec un chorégraphe qui fut un des pionniers en France de la danse contemporaine, et qui me rappelle ces années de découverte de cet art, on n’a pas le droit de passer à côté !

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