Sean Baker a, n’en doutons point, réalisé un coup de maître avec « The Florida Project », où il évoque la vie des petites gens, voire des laissés pour compte aux abords des parcs de loisirs aux USA. Il aurait pu faire un film sombre pour parler de ceux qui vivent de peu, ou de rien, faire un film à la Zola ou presque. Car passer son temps dans une chambre de motel avec un enfant, n’avoir que de petits boulots, ne pas savoir comment on va payer le loyer chaque semaine, ce n’est pas le rêve qu’on peut imaginer. Alors que le rêve est à la porte, avec les parcs de loisirs, Disneyland qu’on aperçoit à peine, tout juste parce que Baker filme la ronde des hélico.
Le réalisateur choisit une autre approche, celle d’une petite fille de 7 ans qui, avec ses copains/copines, réalise les 400 coups dans le motel et aux alentours. Sa mère vit de combines et de prostitution. Bien sûr, on se dit qu’elle n’a rien dans la tête, quoique…
Alors, au début, on rit des bêtises de sa fille qui n’en loupe pas une. Mais lentement, l’histoire vire au drame de ces familles sans espoir dans une société où on ne leur en offre pas. Film qui évolue donc de la franche rigolade au drame social, tel qu’on le voit un peu partout dans ces sociétés où on vitupère contre l’assistanat.
Et puis, il y a Brooklynn Prince, la gamine de 7 ans qui joue le rôle de Mooney. Et pour jouer, elle joue à tous les sens du terme, au point que le spectateur en reste émerveillé, totalement médusé. Et Baker en profite, la filmant de près, la caméra souvent à son niveau, de dos, voire de face, le visage en plein écran lorsqu’elle se goinfre au restaurant, ou dans la scène finale filmée sans trucage, dit-on ! Et c’est très fort !
Brooklynn est entourée par, Bria Vinaite, sa mère, tatouée de toutes parts, jeune maman irresponsable, sans travail, mais capable d’entrer dans des colères folles, et surtout Bobby, le gardien du motel, incarné par Willem Dafoe, à la fois bon père, prenant soin des enfants, mais tenu à faire respecter les règlements.
Il y a dans ce film, des scènes fabuleuses, celle du marchand de glace, celle de la coupure d’électricité, celle du logement abandonné, celle du petit vieux qui voudrait jouer avec les gamines, et j’en passe, il y en a tellement. Quant aux dialogues, ils sont succulents ! Certainement, le meilleur film en cette fin 2017.
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