Les corbeaux rôdent au-dessus des poissons rouges

Le cinéma iranien produit régulièrement des films d’une qualité remarquable, pour un pays où les droits de l’homme et de la femme sont bafoués, la religion servant de prétexte à ceux qui détiennent le pouvoir pour le plus le lâcher, et surtout pour s’enrichir. Peut-être l’un ne va pas sans l’autre, les cinéastes iraniens puisant leur inspiration dans le terreau de la lutte contre les oppresseurs, derrière leur maître, Abbas Kiarostami, une Palme d’Or à son actif en 1997, décédé récemment.

Dans la même veine que ses collègues iraniens, Mohammad Rasoulof, habitué de Cannes, a reçu lors du dernier festival, le Prix « Un certain regard » pour son long métrage « Un homme intègre » dans lequel le réalisateur pourfend la corruption sans détour, bille en tête. Il est aujourd’hui privé de son passeport et menacé de prison qu’il a déjà connue.

Un homme élève des poissons rouges dans une ferme, son épouse est directrice d’une école de filles dans la ville voisine, un fils va à l’école. Le couple semble heureux. On découvrira plus tard qu’une « compagnie » veut mettre la main sur les terres de la ferme. Et pour cela, tous les moyens sont bons, jusqu’aux plus détestables. L’homme se défend, mais ce qu’on lui propose, c’est de verser des pots de vin pour avoir du soutien, ce qu’il refuse.

Au fur et à mesure où, lui ou son épouse, tente de sauver la ferme, le mal empire. Jusqu’au moment où, arrivé au fond du trou, il va employer des armes encore plus terribles que ses adversaires.

Dans un pays où il n’y a qu’oppresseurs et oppressés, et personne d’autre, où « Dieu a toujours une solution », sous-entendu, le pot de vin résout tous les problèmes, Rasoulof pose la question de savoir si un individu peut garder son intégrité pour survivre, ou devenir pire que ses oppresseurs.

Excellente prestation du couple, Reza Akhlaghirad dont le visage exprime tout au long du film, une haine montante, et Soudabeh Beizaee, d’une très grande beauté, et qui est tout, sauf soumise au mari.