Photo : Svend Andersen |
« L’hypocrisie est un vice à la mode,
et tous les vices à la mode passent pour vertus. »
et tous les vices à la mode passent pour vertus. »
Dom Juan, Acte V, scène 2
L’ATAO, (Association Théâtre Aujourd’hui Orléans) ouvrait sa 48ème saison, avec un des chefs d’œuvre de Molière, « Dom Juan », dans la grande salle du Carré St Vincent.
Mettre en scène un texte classique, de surcroît très connu tels ceux de Molière, interroge toujours : à quoi sert-il de ressasser ces histoires de religion, de médecins, ou d’avarice, pourfendant les puissants, traitées au XVIIème siècle ? On peut répondre par plusieurs arguments.
Tout d’abord, il y a la langue, certes, d’une délicieuse saveur, qu’on ne se lasse pas d’entendre, imparfaits du subjonctif compris, sans doute que nombre de lycéens découvrent plus ou moins. On y ajoutera quelques monologues, celui sur l’hypocrisie à l’acte V dans Dom Juan, monument littéraire, et d’une actualité terrible. Rien n’aurait donc changé ? Enfin, l’étude des relations humaines entre les divers protagonistes de la pièce, et ils sont particulièrement nombreux, est toujours intéressante, quelle que soit l’époque, car celles-ci n’évoluent guère au fil du temps.
Ceci dit, un metteur en scène est placé devant un choix : mise en scène classique, en costumes et décors d’époque, sans s’écarter du propos de Molière, ou création contemporaine. C’est ici que la difficulté s’exprime. Acteurs en jeans, téléphones portables en main, musique rock et j’en passe, tous ingrédients qu’on voit relativement souvent sur les plateaux, font-ils pour autant une nouveauté théâtrale ? Pas sûr !
Anne Coutureau qui a assuré la mise en scène de Dom Juan, a parfaitement su s’inscrire dans l’actualité récente, bien que sa création date bientôt de deux ans à la Cartoucherie. La dernière rencontre entre Dom Juan et Elvire, dans l’acte IV, est une terrible condamnation des agressions sexuelles vécues par de nombreuses femmes. Quant au personnage de Dom Juan, son rapport à Sganarelle n’est plus celui des coups de bâtons, mais celui d’un être dominateur, prêt à écraser la tête de son valet à coups de pied. En cela, la mise en scène d’Anne Coutureau est une réussite, car tout en conservant le texte, elle place la pièce dans les banlieues des villes, et ce n’est pas une simple transposition temporelle ou géographique, mais beaucoup plus que cela..
Quant aux acteurs, Florent Guyot est un Dom Juan, voltigeur, qui sait manier tous les discours, du flatteur au plus carnassier ; Tigran Makhitarian, un Sganarelle particulièrement habile et malin ; enfin, le Pierrot de Birane Ba, époustouflant de malice, heureux d’être sur scène.
Une salle bien remplie, près de 700 spectateurs où les élus d’Orléans étaient présents, ce qui peut augurer de meilleurs rapports à l’avenir entre l’ATAO et la Mairie.
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