samedi 4 novembre 2017

Quand on a la joie de vivre et qu'on s'accroche...

Le film récompensé par la Caméra d’Or à Cannes, apparaît le plus souvent, bien plus que la Palme d’Or elle-même sujette à caution, comme une œuvre d’une belle fraîcheur, dotée de trouvailles cinématographiques qui donnent au spectateur, le sentiment qu’on a devant soi, quelque chose de profondément nouveau dans le domaine du 7ème art, sans doute parce que le réalisateur, ou la réalisatrice (pour faire plaisir aux tenants de l’écriture inclusive, mais sans déplaire à l’Académie), a des choses à dire puisqu’il s’agit de son premier long métrage, contrairement à tous ceux qui, lassés par tant de créations, ne savent plus se réinventer. C’est le cas encore cette année avec « Jeune femme », premier long métrage de Léonor Serraille, et donc récipiendaire de la Caméra d’Or, qui rappelons-le, couvre les quatre grandes sections du Festival.

Une jeune femme prénommée Paula, la trentaine, erre dans Paris, d’hôtel en chambre de bonne, vivant de petits boulots, rejetée par sa mère et par son mec, rattrapée par d’anciennes connaissances qui n’en sont pas, juste accompagnée par une chatte magnifique, celle précisément de son mec. Serraille cogne dès les premières images, sans doute pour mettre le spectateur dans le bain, celui de la difficulté à survivre pour nombre de jeunes comme Paula : face à une porte qui ne veut pas s’ouvrir, elle tape de la tête de colère et se retrouve à l’hôpital le front ouvert, soignée par un infirmier. Premier trait de génie de Serraille, Paula raconte sa vie face caméra, dans un discours totalement décousu. On sent cette femme à bout de nerfs, rongée par les échecs, les rejets, l’impossibilité de se construire.

Et pourtant, cette jeune femme, au bord de la rupture, s’accroche à quelques petites bouées, sait maintenir la tête hors de l’eau, exprimant une volonté farouche de renouer avec sa mère. C’est un être d’une grande sensibilité, qui sait ce que lutter veut dire pour ceux qui ne sont pas favorisés par la vie. A la toute fin du film, manifestement, elle n’est plus celle qui pétait un câble à tous bouts de champ, elle a grandi et peut affronter dorénavant la vie. Performance exceptionnelle de Laetitia Dosch, laquelle tient constamment l’écran, filmée le plus souvent caméra à l’épaule, autour de laquelle gravitent hommes et femmes, amis d’un jour ou plus, certains ayant tiré le bon numéro de la vie, mais pas tous. En plus, une bonne dose d’humour dans les répliques de Paula, et cela donne un film délicieux, même si quelques longueurs eussent pu être évitées.

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