A l’issue du film réalisé par Anne Fontaine, « Marvin ou la belle éducation », présenté en avant-première aux Carmes, il est légitime de se demander quel est le thème central du film : est-ce son homosexualité que découvre un adolescent dans un milieu familial et scolaire où on ne fait pas de cadeau aux « pédés », comme pourrait le suggérer le « Queer Lion » décerné au dernier Festival de Venise ; ou bien l’art théâtral qui a permis à cet adolescent vivant une sorte d’enfer familial, à en sortir pour connaître autre chose, découvrir la culture, la vraie, celle qui donne à penser, et son univers incarné par, excusez du peu, Madame Isabelle Huppert en personne ? Sans doute les deux !
Inspiré par un roman autobiographique de l’écrivain Edouard Louis, lequel a refusé que son nom soit mentionné au générique du film, mais qui a néanmoins empoché les droits, le film met en scène Marvin, jeune ado, puis quelques années plus tard, le même devenu acteur de théâtre aux côtés de… je l’ai dit plus haut. Anne Fontaine a eu l’intelligence de confronter les deux époques de la vie de ce jeune homme, à l’aide de nombreux flashbacks, sortes de va et vient entre l’adolescence et la maturité, en mêlant deux acteurs, aux ressemblances multiples, tant physique que dans la posture.
Plusieurs scènes apparaissent d’une force émotionnelle intense, je pense notamment à celle où Vincent Macaigne, le prof de théâtre, prend de face Marvin, lequel dans un moment de désespoir parle de mourir, et lui assène ses vérités, en maniant un humour mordant ; ainsi que celles où le père, excellent Grégory Gadebois, parle à son fils, dans le bus qui emmène au lycée, ou à la toute fin, quand il se rend compte que son rejeton a commis quelque chose de fort, qu’il est devenu une sorte de héros puisqu’il passe aux journaux télévisés. L’évolution de ce père, aux manières brusques, au langage outrancier, mais qui ne frappera jamais les siens, vers cet autre, plein de sagesse et de respect pour ce fils, est aussi une grande leçon délivrée par Anne Fontaine, laquelle semble dire, avec justesse, qu’il ne faut jamais désespérer des êtres humains.
Un film éblouissant, à la bande son d’une incroyable richesse et au contact de la réalité de faits de société, qui réunit, outre ceux que j’ai déjà mentionnés, Charles Berling, Sharif Andoura au visage fabuleux, et les deux jeunes, Finnegan Oldfield et le tout nouveau, Jules Porier.
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