Fellipe Barbosa, cinéaste brésilien, avait un ami, Gabriel Bushman, jeune étudiant qui, avant de partir à l’université de Los Angeles, avait décidé d’un tour du monde sans grands moyens financiers, en se liant d’amitié avec l’habitant. A quelques jours de son retour au Brésil, il sera retrouvé mort sur les pentes d’une montagne où règnent les esprits dit-on, au Malawi. C’est son périple en Afrique que nous conte Barbosa, lequel a réussi à reconstituer son itinéraire après avoir retrouvé une bonne partie de ceux qui l’ont côtoyé alors, du Kenya à la Tanzanie, en Zambie, à Zanzibar, enfin au Malawi.
« Gabriel et la montagne », c’est un hommage posthume que Barbosa rend à son ami, l’acteur João Pedro Zappa incarnant un Gabriel plein de vie, aimant l’Afrique et ses habitants plus que tout, ses paysages grandioses, son mode de vie, allant jusqu’à s’habiller en Maasaï, portant un sabre offert par un guerrier. Le grand mérite du réalisateur aura été de retrouver ceux qui ont croisé la route de Gabriel, et de leur faire jouer leurs propres rôles dans le film. Barbosa reconstitue aussi la rencontre entre Gabriel et son amie, pendant quelques jours en Tanzanie, pendant lesquels les relations sont délicates, alternant les scènes d’amours et les discussions qui pourraient tourner à l’orage, notamment sur le futur prochain, quand Gabriel sera à L.A.
Alors, si Barbosa reconstitue aussi l’ascension du mont Sapitwa au Malawi, qui veut dire « n’y va pas », à partir des photos qu’aura prises Gabriel au sommet dans la brume, on s’interroge sur les vraies raisons de la mort de cet homme, montagnard expérimenté. Si officiellement, on parle d’épuisement puisqu’il est monté seul sans quasiment de vivres, il se pourrait que Gabriel ait choisi d’arrêter là son périple autour du monde et de ne pas retourner à la « civilisation », préférant partager une seconde vie en se fondant avec les esprits. Il aimait trop l’Afrique !
Le film, présenté lors de la Semaine de la Critique à Cannes en mai dernier, a été doublement primé, et ce n’est que justice, tant ce film/documentaire, à la bande-son d’une infinie beauté mêlant musique et chants africains, respire la santé, la beauté d’un continent, la bonté de ces peuples d’Afrique noire, pillée par le colonialisme, maltraitée par de nouveaux tyrans, la maladie, les traditions*, et qui jette des milliers de ses jeunes sur le chemin des migrations.
* Sait-on qu’au Malawi, là où est mort Gabriel, existent des centres d’initiation sexuelle pour très jeunes adolescentes, lesquelles sont violées, avec l’assentiment des familles, sous une omerta générale.
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