Sofia Coppola avec « les Proies », tiré d’un roman que je n’ai pas lu, a obtenu le Prix de la mise en scène lors du dernier Festival de Cannes. Soit le reste de la sélection ne valait pas grand-chose, soit, et c’est plutôt mon avis, le Jury s’est laissé berné par un attrape-nigaud. Certes, le film se regarde avec facilité, c’est bien monté, bien filmé, mais quoi ? Qu’est-ce qui sous-tend l’ensemble du film, quelle est l’idée centrale de Coppola, que veut-elle bien nous dire ?
En pleine guerre de sécession (on n’en verra rien, sinon à dose homéopathique), une jeune adolescente découvre en forêt, un soldat de l’autre camp, blessé. Elle le ramène là où elle vit, à savoir un orphelinat où ne résident plus que deux femmes adultes et cinq jeunes filles. En voie de guérison, le soldat participe aux travaux du jardin, il semble s’insérer au sein de la communauté féminine. La greffe prendra-t-elle, semble demander Sofia Coppola.
Mais les désirs sexuels vont précipiter la chute, jusqu’au meurtre collectif, et le rejet de la greffe sur le trottoir, pour qui voudra bien la ramasser. Et c’est là où le bât blesse. Vous pouvez changer l’époque, le lieu, vous mettez à la place du soldat, un homme noir, ou un homosexuel, et vous plongez en plein racisme ou en pleine homophobie. Un migrant ferait bien plus actuel. L’élément rapporté dans un groupe, lorsqu’il est rejeté, et quelles qu’en soient les raisons, bonnes ou mauvaises, est forcément un échec au regard des valeurs universelles.
Ceci dit, il faut bien avouer que les personnalités des unes, des autres et du caporal, ne sont qu’effleurées. On eut apprécié un peu plus de profondeur dans la psychologie, notamment chez la patronne de l’orphelinat, Martha interprétée par Nicole Kidman. Enfin, une foule de questions se pose à la fin, concernant ce qui se passe dans la dernière partie. On y va de son ressenti, sans trop savoir où est la vérité : par exemple, pourquoi Martha décide-t-elle l’amputation alors qu’elle dit elle-même n’être pas chirurgien ? Vengeance de ne pas avoir été choisie par le mâle, veut-elle protéger sa communauté, ou constat lucide et ultra-rapide de la gravité du mal ?
Quant à la morale chrétienne au sein de laquelle baignent les jeunes femmes, elle en prend un vilain coup concernant le 6ème commandement (Tu ne tueras point), mais Sofia Coppola n’a pas semblé s’aventurer sur ce chemin glissant.
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