André Téchiné a une longue carrière cinématographique derrière lui. Dans « Nos années folles » , il s’intéresse à cette période qui a suivi la première guerre mondiale, qui, comme on le sait, a permis à une certaine société, pas la plus désargentée, d’oublier par la fête, la boucherie qui venait d’avoir lieu, et dont elle était en partie responsable. Il y a d’abord un livre, « La garçonne et l’assassin » de Fabrice Virgili et Danièle Voldman, tous deux historiens, livre-documentaire qui raconte l’histoire d’un jeune couple de 1911 à 1928. C’est sur ce livre que s’est basé André Téchiné pour écrire le scénario de son film présenté hors compétition à Cannes.
L’histoire est assez rocambolesque. Paul et Louise se marie. En 1914, Paul part au front. Déserteur, il est caché par sa femme, et se transforme en Suzanne afin de pouvoir se promener. La guerre finie, toujours recherché, il fréquente le bois de Boulogne, se prostitue, et devient carrément, on dirait aujourd’hui, transgenre et bisexuel, en sachant plus qui il est. En 1925, après l’amnistie des déserteurs, un enfant étant né au sein du couple, le drame se noue.
Téchiné utilise de nombreux flashbacks, ce qui déroute pendant un bon moment le spectateur, entre les épisodes avant et pendant la guerre, puis beaucoup plus tard, après l’amnistie de 1925, la présence de Paul/Suzanne dans un cabaret racontant sa vie, une actrice jouant le rôle de Louise. Le problème global du film, c’est que raconter une histoire sur 17 années, en 1 heure 43, entraîne forcément des raccourcis qui parfois nuisent à la compréhension du film. On a en fait des morceaux de la vie du couple qu’on est bien obligé de recoller comme on peut, d’autant qu’on nous les présente dans le désordre.
Ceci dit, Pierre Deladonchamps en Paul/Suzanne et Céline Sallette dans le rôle de Louise, permettent de bien cerner la psychologie des deux époux, le dérèglement mental de l’un, sans doute créé par la guerre. Il n’en reste pas moins qu’on peut se demander si la guerre est seule responsable, le fait de devenir femme pour Paul, hésitant au début, puis jouant le jeu au maximum, n’ayant pas entraîné chez lui une confusion des « genres » qui l’aurait conduit à la « folie ».
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