vendredi 22 septembre 2017

C'est à désespérer des adultes

Le cinéaste Andrey Zvyagintsev est aujourd’hui, l’un des tout premiers réalisateurs en Russie où il analyse la société de son pays, avec un désenchantement certain dans une société où il ne voit plus guère à espérer.

Que ce soit avec Elena (je n’ai pas vu le Retour avec lequel il a obtenu un Lion d’Or à Venise), ou Leviathan, il ne se faisait guère d’illusions sur les relations humaines dans son pays. Mais avec « Faute d’amour », son dernier long métrage Prix du Jury à Cannes, il nous plonge carrément dans le sordide, dans un univers glacial où les seuls êtres qui lui donnent de l’espoir sont une association de bénévoles. Pour le reste, Zvyagintsev nous brosse quelques portraits quasi apocalyptiques de personnages tout droit sortis des damnés de la terre..

Soit un couple tout près du divorce ; lui s’est trouvé une jeune femme qu’il a mise « en cloque » (expression manifestement très utilisée en Russie), elle s’est trouvée un type riche. Tous deux baisent à qui mieux mieux et jouent du smartphone, nouveau joujou. Le problème, c’est qu’il y a un jeune garçon de 12 ans dont ils ne savent que faire, aucun des deux parents ne voulant garder avec lui l’enfant. Ce dernier, las d’entendre ses parents s’insulter, décide de s’enfuir. On ne le reverra pas vivant, malgré les recherches entreprises par une association de bénévoles.

Et puis, il y a la mère de la mère, la grand-mère de l’enfant donc, un monument de haine envers sa fille et toute la société d’ailleurs, haine que sa fille lui rend parfaitement. Etrange personnage, cette femme, la trentaine venue, qui hait sa mère, son mari et son fils et qui ne voit son salut que dans ce type, déjà par mal dégarni, mais bourré de fric. La dernière image, sur fond de guerre en Ukraine, la voit sur un home-runner, d’une tristesse absolue. Manifestement, le fric ne lui a pas rendu sa joie de vivre !

La caméra de Zvyagintsev, ou plutôt celle de son chef opérateur, nous offre des images d’une force peu commune : d’abord, ces paysages d’hiver annonçant une atmosphère glaciale, puis l’enfant au visage inondé de tristesse, et pleurant toutes les larmes de son corps derrière la porte quand ses parents s’insultent, les deux parents à la morgue devant un corps d’enfant sans que Zvyagintsev nous livre une quelconque conclusion… On pourrait les multiplier.

Sans doute, y a-t-il chez Zvyagintsev, volonté de métaphore, celle de décrire l’évolution de la société russe au travers de quelques personnages du film. Seule lueur d’espoir, cette association de bénévoles, c’est néanmoins bien peu. Quant à l’enfant, on le voit au début lancer dans un arbre au-dessus d’une rivière, un ruban de sécurité que l’on retrouve à la toute fin du film. Sans doute, l’enfant est-il parti au ciel, loin de la sauvagerie humaine des adultes.

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