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samedi 30 septembre 2017
D'un bord à l'autre
Le cinéma des Carmes propose avec l’association Ciné Mundi, le Festival d’un Bord à l’Autre, à thématique LGBT, avec une forte présence de la communauté homosexuelle orléanaise, pour la 8ème année consécutive, avec notamment le soutien de la Région Centre-Val de Loire et de la ville d’Orléans.
Comme chaque année, le vendredi, le Festival est inauguré par la projection de huit courts-métrages venus de tous les continents. Voici ce qui m’a semblé être les meilleurs.
Dusk, de Jake Graf (Angleterre), présente une femme âgée qui, au soir de sa vie, le nez à la fenêtre, voit deux garçons jouer au foot. Survient une petite fille, habillée en garçon, qui demande à participer. Refus des deux garçons. Cette femme se remémore alors sa jeunesse, les pires cauchemars et quelques instants de bonheur. Film d’une très grande sensibilité. (15 minutes).
The wedding patrol, de Rogier Hardeman (Allemagne), met en scène un homme qui reçoit chez lui la visite de deux policiers. L’homme, originaire de Russie, est accusé d’être un faux homosexuel, car, marié à un homme en Allemagne, il a été vu embrasser une femme. Survient son compagnon, ou sa compagne, au choix, car l’homme est travesti. C’est bourré d’humour et le film se termine par une fête musicale et bruyante à St-Petersbourg. (14 minutes)
More than god, de Kev Cahill (Irlande), réunit dans un appartement, un homme d’âge mûr, sa femme, sa fille, vingt ans environ, la compagne lesbienne de sa fille, et le mari de cette dernière, d’âge mûr lui aussi, et victime d’une crise cardiaque dans la pièce. Il faut bien lui faire et le bouche à bouche, et les massages. On rit d’un bord à l’autre ! (9 minutes)
Smuack !, de Alejandra Sanchez Orozco (Mexique) : une femme reçoit en « cadeau », sa nièce, 7/8 ans, la mère étant partie en voyage. Si le contact est excellent entre la nièce et la tante, il en va différemment lorsque la tante se rend à l’école en lieu et place de la mère, et lorsque la petite fille dessine à l’école, deux lesbiennes avec de jolies couleurs. Là encore, c’est plein d’humour. (22 minutes)
Samedi et dimanche, place aux longs métrages.
One Kiss (un baiser), de l’italien Ivan Cotroneo, réunit dans un lycée, trois grands adolescents qui se lient d’amitié. Lorenzo, élève brillant, homosexuel totalement assumé et fier de l’être, libéré (trop ?) de tous les préjugés, avec deux parents (non géniteurs) formidables ; Blu, qui semble avoir été la proie sexuelle de trois garçons, bien qu’elle refuse de se l’avouer et une mère qui écrit pour soigner sa déprime ; enfin Antonio, très bon au basket, mais en difficultés scolaires, considéré par les autres et lui-même un peu débile, et qui aime secrètement Blu.
Dans ce lycée italien, mais ce pourrait être ailleurs, on se ne fait pas de cadeau. On peint à la bombe, sur les murs, ce qu’on pense de tel autre, parce qu’untel l’a rapporté. Les mots de pute et tapette font florès, ce qui n’entame pas l’amitié des trois. Mais un baiser qui n’aurait pu rester qu’un baiser, provoque le drame.
Cotroneo filme les ados avec beaucoup de délicatesse, on sent son admiration pour son compatriote Fellini., notamment lors de la scène totalement surréaliste de l’arrivée de Lorenzo au lycée, rôle interprété avec une remarquable maîtrise, Rimau Grillo Ritzberger, pas loin de Nahuel Perez Biscayart dans 120 battements. Magnifique bande son regroupant des chansons rock.
Dimanche, la projection unique de « la Reine garçon », du finlandais Mika Kaurismäki, le frère d’Aki, le plus connu avec un Grand Prix à Cannes et un Ours d’Argent à Venise, a attiré beaucoup de monde. Il est vrai que le temps pluvieux ne prêtait à rien d’autre.
Le film retrace la vie de la reine Christine de Suède, montée sur le trône à l’âge de 6 ans, à la mort de son père, jusqu’à son abdication alors âgée de 28 ans en 1654, quand elle se convertit au catholicisme et se retire à Rome. Elle aura vraiment régné pendant 10 ans, a œuvré pour la paix et s’est beaucoup intéressée aux arts, Descartes meurt d’ailleurs en Suède quasiment dans ses bras d’après le scénario du film. Kaurismäki s’attarde beaucoup sur sa tendance homosexuelle alors qu’on sait qu’elle fut bisexuelle, ce qui pose hélas le problème de la vérité historique, concernant cette reine qui fut une pionnière du féminisme, allant à contre-courant des idées dominantes.
Le long métrage du frère aîné, comme souvent les films retraçant la vie d’un monarque, se laisse voir agréablement. C’est bien filmé, quelques scènes à cheval dans la neige sont magnifiques. Certes, Kaurismäki ne nous explique pas tout, notamment les raisons de sa conversion. On pourra exprimer son désaccord sur les raisons de son homosexualité, car élevée comme un garçon nous dit-on. On sait bien aujourd’hui que donner des poupées à un petit garçon ou des petites voitures à une fille, ne conduit pas à l’homosexualité. Ceci dit, on ne s’ennuie pas, c’est déjà ça !
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