mercredi 12 juillet 2017

Un roman en cours d'écriture ?

Hong Sang-soo fait partie des cinéastes majeurs en Corée du Sud, et fréquente depuis une quinzaine d’années, les festivals européens. Il présentait en mai dernier, « Le jour d’après » à Cannes en sélection officielle. Son cinéma se caractérise essentiellement par des histoires d’amours tourmentées.

Voilà un homme, Bongwan, éditeur, entouré de trois femmes : son épouse légitime à qui il ne semble plus adresser le moindre mot, son ancienne maîtresse disparue depuis plus d’un mois et qui réapparaît soudainement, enfin une toute nouvelle secrétaire fort jolie, au demeurant celle dont le réalisateur vient de faire récemment sa compagne dans la vie privée. En clair, voilà un homme, que la maîtresse qualifiera de lâche une bonne dizaine de fois, qui est écartelé entre trois femmes !

Le problème, c’est qu’avec Hong Sang-soo, tout n’est pas si simple. Lui-même étant tourmenté dans sa vie amoureuse, son film l’est tout autant. Les séquences défilent dans un ordre qui pourrait semblé aléatoire, de manière désordonnée, ce qui donne le sentiment au spectateur d’être devant un puzzle qu’il s’agit de remettre en ordre. Sauf que pour corser l’affaire, l’une des séquences finales est la copie quasi conforme d’une autre en début de film, à plusieurs détails près. Est-ce justement ce jour d’après dont le titre nous parle ?

Les dialogues, d’une grande richesse, évoquent les thèmes de la croyance et de la réalité, lorsque Bongwan échange avec sa nouvelle secrétaire. L’ensemble de ces éléments peut faire penser à un roman en cours d’écriture (lui est éditeur/écrivain, il vient d’obtenir un Prix, la secrétaire dévore les livres du magasin), où certaines scènes sont réécrites, l’auteur triturant son texte, malaxant certains chapitres. L’absence totale de figurants ainsi que le Noir & Blanc choisi par le réalisateur abondent en ce sens.

La musique rappelant celle des vieux microsillons, et d’une utilisation très parcimonieuse, ajoute ce côté irréel et artisanal, non fini pour un film qui ne cesse pas d’interpeller le spectateur, mais le vrai cinéma est fait pour cela !

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