jeudi 18 mai 2017

Fragments d'une symphonie

Première mise en scène de la nouvelle Directrice du CDN d’Orléans, Séverine Chavrier, avec « les Palmiers sauvages », d’après le roman de William Faulkner, dans une salle presque comble. Le public, jeune et moins jeune, était au rendez-vous pour ce nouveau départ du CDN après les ères Braunschweig, Py et Nauziciel. Même s’il ne s’agit pas d’une création au sens strict du terme, puisque ce spectacle tourne depuis 2014 après sa première à Lausanne, avant d’occuper les ateliers Berthier en juin 2016.

On sait que les adaptations de romans au théâtre, de plus en plus fréquentes d’ailleurs, nécessitent pour le spectateur, la lecture du dit roman au préalable. C’est d’une part plus confortable, mais pas seulement. Cela lui permet d’approfondir la pièce et d’en tirer l’essence même. Ce que je n’avais pas fait !

A l’orée du spectacle, l’orage gronde, les éclairs foudroient le plateau : sans doute la colère des dieux annonce le drame qui contrevient à la morale bourgeoise. Une jeune femme, en couple avec deux enfants, décide de tout quitter afin de suivre celui pour lequel elle vient d’avoir un coup de foudre, un étudiant en médecine. Tous deux errent de ville en ville, dans une descente aux enfers qui les mènera dans une baraque près de la mer où se joue le drame final.

A gauche du plateau, une immense bibliothèque où s’entassent livres et boîtes de conserve, lesquelles vont basculer dans le vide par intermittence, symbolisant le monde qui s’écroule autour des deux amants. On pense alors que cette bibliothèque pourrait bien s’effondrer au final, mais non ! Des caisses, des lits métalliques, des matelas en nombre, trois fauteuils de cinéma, un immense bric à brac, et au fond, un écran géant où des vidéos sont projetées montrant ingénieusement les amoureux.

Le sexe est omniprésent, les deux acteurs sont souvent nus, on joue au sexe plus qu’on ne s’aime… Les dialogues sont emprunts d’humour par moments, pour d’autres on imagine que Faulkner n’y est pour rien. Les deux acteurs font preuve d’une énergie considérable, Déborah Rouach dans le rôle de Charlotte, et Laurent Papot dans celui d’Harry. La mise en scène apparaît comme des fragments d’une symphonie découpée en plusieurs mouvements, avant l’allegro final, sans doute le meilleur moment, le plus fort, le plus audacieux, au milieu des bourrasques qui emportent avec elles, les derniers espoirs des deux amants. Il y a un réel travail de mise en scène, de scénographie, mais l’ensemble peut laisser perplexe lorsque le roman n’a pas été lu antérieurement. Alors, on attendra encore un peu pour se forger une réelle opinion concernant la nouvelle Directrice du CDNO.

Une bonne nouvelle nous attendait, le programme de la prochaine saison.

1 commentaire:


  1. Le spectacle se présente en trois parties du coup de foudre à l’usure qui mènera à un enfer dramatique.
    La nudité des deux personnages dans le vécu de leur passion exclusive et destructrice montre à quel point l’équilibre intime du couple est un art tel le funambule sur son fil.
    Les décors viennent surenchérir le contexte et les dialogues ; on se croirait dans un grenier où tout est pèle mêle : étagère branlante, caissons de bière, boites de conserves, matelas, lits.... à l’image du vécu de ce couple mis en scène pas S. Chavrier. On y perçoit un travail énorme.
    Le tableau de fin qui s’élargit au-delà de la scène m’a beaucoup plu.
    Je suis d’accord sur le fait que n’avoir pas lu l’œuvre de Faulkner avant la représentation limite les analyses possibles.
    Esthétiquement la nudité des acteurs avec leur ceinture micro n’est pas des plus réussie.
    Abeilles

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