samedi 1 avril 2017

Un espoir bien mince

Faisant suite à son dernier film « Le Havre », qui traitait déjà du thème de l’immigration, le réalisateur finlandais Aki Kaurismäki, à son palmarès un Grand Prix à Cannes et un Ours d’argent à Berlin, revient à la charge avec « L’autre côté de l’espoir ».

Kaurismäki a une prédilection pour le port, symbole de liberté, mais aussi lieu de passage des hommes et des marchandises. Dans un port finlandais, la première image nous montre des gueules béantes sur des grues, métaphore d’une société qui broie ceux que la mer rejette sur les côtes. Puis émerge d’un tas de charbon, une tête, puis un corps, celui d’un homme dont on saura plus tard qu’il arrive d’Alep, ville martyr où toute sa famille a péri sous les bombes larguées par on ne sait qui, à l’exception d’une sœur partie avec lui et qu’il a perdu de vue aux passages des frontières d’Europe orientale, et qu’il cherche désespérément.

 La question que pose Kaurismäki consiste à savoir si cet homme, qui dit-il « a enterré Dieu avec toute sa famille », peut s’insérer dans une société dont il ignore les codes, et dont il est ce qu’on appelle un « élément rapporté ».. S’il rencontre des petites gens prêts à l’aider, il se heurte d’une part aux Pouvoirs publics qui le renvoient chez lui alors que l’épouvante à Alep est décrite par les chaînes de télévision, et d’autre part des groupes néo-nazis qui pullulent dans toute l’Europe.

Ce qui frappe dans le film de Kaurismäki, c’est la tristesse qui se lit sur tous les visages, finlandais et migrants, qu’ils soient bourrés de fric, ou sans le sou. Tristesse par laquelle le réalisateur montre qu’il a perdu beaucoup de ses illusions quant à l’avènement d’une société fraternelle et ouverte sur le monde, le maigre espoir du titre résidant parmi le petit peuple encore ouvert à la fraternité. Ce petit peuple que nous montre Kaurismäki, du patron de restaurant sans guère de clients, à cette femme dans un centre de rétention, de cette équipe de marginaux sortis des bas fonds, et bien sûr à ceux qui comme lui ont migré et proviennent de cette région meurtrie à l’histoire si riche, cette petite armée de sans grade forme l’espoir d’un renouveau. Restons optimistes !

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