mercredi 19 avril 2017

La femme est (encore) l'avenir du monde

Premier long métrage pour la palestinienne Maysaloun Hamoud, « Je danserai si je veux » a remporté à ce jour 12 prix, en Europe, mais aussi à Haïfa. Il a aussi valu à sa réalisatrice une Fatwa des intégristes la condamnant à mort ! Ainsi va le monde…

Deux copines, palestiniennes, partagent une colocation à Tel-Aviv, l’une Layla est avocate, l’autre Salma, d’abord dans la cuisine d’un restaurant où le patron ne tolère pas d’entendre parler arabe, « ça pourrait déplaire aux clients », puis serveuse dans un bar. Elles vivent à l’européenne, sans voile, boivent de l’alcool, fument et pas que du tabac, vont danser, vivent quoi… Débarque une troisième, Nour, étudiante, mais voilée, priant après ablutions. Malgré tout, elles se lient d’amitié.

Le problème, ce sont les hommes et leurs certitudes bornées. Le copain de Layla qui voudrait bien qu’elle comprenne qu’elle ne vit pas en Europe, le père de Salma, révulsé, quand il apprend que sa fille est lesbienne, et surtout le fiancé de Nour, intégriste et violeur en même temps.

Il y a des scènes superbes dans le film de Maysaloun Hamoud, celles en voiture quand Layla conduit, lorsque les jeunes dansent, et surtout, Nour devant son père qui l’interroge, lui répondant qu’elle ne peut rien dire (pour se protéger elle-même sans doute), et son père comprenant tout et la prenant dans ses bras. Le seul homme bon dans ce film !

On retiendra une actrice flamboyante, Mouna Hawa dans le rôle de Layla.

La dernière image, celle des trois filles sur le balcon, la nuit, dans un état extrême de désespérance, scène allégorique de la détresse des femmes arabes devant l’obscurantisme, et de celle de la société palestinienne face à l’oppression de l’état d’Israël dont le film ne nous montre rien, mais dont on sait qu’elle est là, sous-jacente.

Certes, on peut reprocher à la réalisatrice d’avoir chargé un peu trop la barque, mais son film est avant tout, un pavé dans la mare de la bêtise des hommes, et il fallait que la barque soit lourde pour susciter le débat en Palestine, et en Israël par la même occasion. Parce que là-bas, l’obscurantisme sévit aussi, et pas qu’un peu !

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