jeudi 27 avril 2017

SOS d'une famille en détresse

S’emparer d’un texte improbable et le mettre en scène au théâtre, peut s’avérer tâche au-delà des possibilités artistiques. Julie Duclos, jeune metteure en scène, sortie du CNSAD en 2010, a découvert Mayday, texte de Dorothée Zumstein, et a entrepris ce qui semble relever de l’impossible, avec une réussite au-delà de l’espérance. On sort du spectacle le souffle coupé par tant de force, d’inventivités, et aussi tant de talents chez chacune des quatre interprètes féminines.

Le texte retrace la vie d’une petite fille qui à l’âge de 10 ans a assassiné deux autres enfants plus jeunes qu’elle, en Grande-Bretagne. Condamnée à la prison à perpétuité, elle aura passé de longues années, enfermée. Bien après sa libération, elle est interviewé par des journalistes et livre son histoire, celles de sa mère et de sa grand-mère, et l’on assiste à la description d’une famille en décomposition dans une société qui ne propose aucune échappatoire.

« Mayday », c’est le SOS des navires et avions en détresse, c’est aussi un jeu de mots sur le prénom de Mary. où un jour du mois de Mai, elle est née…

Sur le plateau trône une maison à un étage, en ruines, métaphore de cette famille. Au premier plan, assise sur un divan, une femme fume, passe des coups de téléphone, regarde la télé, et rêve d’une porte qu’un bras ne parvient pas à ouvrir. On saura plus tard que derrière la porte, un viol se tramait. Puis surviennent deux journalistes qui l’interviewent et la filment. Elle apparaît alors sur grand écran en fond de plateau. Et raconte… Elle est la petite fille, devenue femme et mère, dont sa fille, après avoir appris l’histoire de sa maman, lui dira : « Mais tu n’étais qu’une enfant ! ». Exercice de psychanalyse qui remonte à sa mère, puis sa grand-mère. Successivement, en trois parties, elles apparaîtront toutes trois, dont on apprend alors la vie culbutée de ces femmes.

Les jeux de lumière au travers des ruines sont d’une remarquable beauté, tant au rez-de-chaussée qu’au premier étage, chorégraphie de la petite, vidéo, musique, tout s’entremêle comme les récits que Mary fait aux journalistes, et le jeu des actrices d’une très grande richesse, notamment Alix Riemer qui tient le rôle de la petite fille, d’une explosivité fabuleuse, sans oublier Vanessa Larré qu’on a déjà vue au CDN dans « Femmes d’intérieur », Maëlia Gentil et Marie Matheron.

Décidément, dans le théâtre public, on assiste à l’éclosion d’une jeunesse théâtrale formidable, tant dans la mise en scène que dans le monde des comédiens. Jeunesse qui délivre plein d’espoirs en des lendemains heureux !

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