samedi 18 mars 2017

Quand l'ordre des choses est inversé

Mohamed El Khatib n’a pas peur d’affronter la mort, il la regarde en face. En 2015, il se mettait en scène, parlant de la mort de sa mère dans « Finir en beauté », spectacle présenté dans le OFF en Avignon, et salué par la critique.

Aujourd’hui, il évoque le thème de la mort d’un enfant, et comme, dit-il, « n’ayant pas éprouvé la mort d’un enfant, et n’en ayant pas particulièrement le désir », on le comprend et on ne le lui souhaite pas, ni à qui que ce soit, il a demandé à deux acteurs, qui ont connu personnellement ce drame, de raconter. Ce qui donne « C’est la vie », d’une durée de 68 mn nous informent deux écrans de télé situés de chaque côté de la scène, lesquels dialoguent avec le public tout au long du spectacle, si le terme de spectacle puisse être employé ici. Peut-être le mot « communion » serait-il plus adapté !

Daniel Keigsberg a perdu un fils de 25 ans, Fanny Catel sa fille âgée de 5 ans. Tous deux nous racontent, le premier les derniers moments avant le drame, elle les quelques années de l’enfance de sa fille qu’elle savait condamnée à brève échéance.

Lui dégage beaucoup de chaleur humaine quand il évoque son fils, recourant parfois à la vidéo pour ne pas verser de larmes sur scène, nous dit-il. Il distille pour faire baisser la tension palpable dans le public, quelques histoires juives pleine d’humour, ou nous déclame une scène d’Andromaque où ses talents d’acteur nous font oublier, l’espace d’un moment, le thème de la soirée. Elle, de sa voix si douce, au visage enchanteur, est moins démonstrative, mais tout aussi touchante. Elle sourit perpétuellement, et finit par imaginer ce qu’aurait pu être l’enfance et l’adolescence de sa fille sans la maladie, jusqu’à l’aube de ses 25 ans… S’ensuit un clin d’œil à son partenaire de la scène qui met tout le monde sous le choc.

Car c’est un spectacle choc, évidemment très fort, où les deux acteurs-témoins, complices dans la même douleur, en viennent même à combiner la mort et l’humour. Évoquer le thème de la mort d’un enfant, fut-il tout petit ou jeune adulte, avec autant de douceur, sans pathos ou si peu, est une sacrée performance !

PS: un petit livret est distribué aux spectateurs au début, dont on nous invite à lire 2 pages en 4 mn chrono. Le reste est à lire chez soi, c'est très fort !

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