Claire Guyot présentait dans le cadre de l’ATAO, « Le Misanthrope vs Politique » à la salle Gérard-Philipe à Orléans. Titre interrogateur puisque, si le texte de la pièce de Molière est bien respecté, nonobstant quelques coupures, pourquoi avoir effectué un rajout au titre d’origine ?
Claire Guyot s’en explique : « VS comme « version » car tous les personnages gravitent dans le milieu politique, jouent dans cette sphère du pouvoir et de l’argent où corruption, langue de bois, flatterie et médisance sont les armes utilisées encore et toujours pour grappiller une parcelle d’influence. » Soit, nous, on veut bien, et ce n’est pas faux ! L’actualité récente nous le prouve. Le problème, c’est que sur scène, on ne voit pas grand-chose à ce sujet. Et ce n’est pas en affublant chacun d’un téléphone portable que le côté politicien du XXIème siècle transparaît. Il eût probablement fallu, afin que l’objectif de Claire Guyot soit atteint, qu’elle « casse la baraque » comme on dit, à coups de vidéos, de bandes audio, voire qu’elle adapte carrément le texte.
J’ai vu il y a quelque temps, un Tartuffe réécrit entièrement et replaçant les personnages dans la sphère télévisuelle, celle du fric. Réussite exceptionnelle, qu’on ne retrouve pas dans la mise en scène proposée par Claire Guyot.
A cela, concernant les acteurs, Pierre Margot dans le rôle d’Alceste, Julie Cavanna dans celui de Célimène, enfin Annick Roux en Arsinoë, tous trois émergent très fortement de l’ensemble. Mais on regrettera une fois de plus, que la diction ne soit pas toujours au rendez-vous, car pour faire entendre des alexandrins, que ce soit ceux de Molière ou autre, encore faut-il une diction parfaite.
Je sais bien que, si d’une part on sait que la salle G-P est désastreuse du point de vue acoustique, si d’autre part ayant vu très récemment cet autre Misanthrope, celui de la Comédie Française au cinéma, certes avec des moyens techniques que la troupe de Claire Guyot ne possède pas, et donc que la comparaison puisse être faussée, il n’en reste pas moins vrai que la mise en scène de cette dernière manque par trop de relief. S’attaquer à une telle oeuvre classique, qui n’est ni une pièce comique, ni une pièce dramatique, mais une dénonciation des mœurs de cette élite friquée d’hier ou d’aujourd’hui, requiert une expérience théâtrale au-dessus de la moyenne.
Je rejoins complètement dans l'analyse que tu fais du Misanthrope vu jeudi à la salle GP, malgré mes lacunes et mon faible bagage culturel dans le domaine.
RépondreSupprimerEn effet nous échangions avec ma fille sur le chemin du retour en abordant les points suivants:
- l'actualisation de la pièce par les costumes et la technologie n'en fait pas une version politque en soi.
- retravailler le texte pour "coller" à une actualisation du versant politique a été l'une des réflexions les plus importantes compte tenu de l'affiche.
- la diction a été très aléatoire pour tous les acteurs, de chacunes de nos places respectives.
Il n'en demeure pas moins que la thématique est toujours d'actualité.
Enfin, je commence à comprendre qu'après une journée de travail si la représentation n'est pas de bonne qualité, je somnole...