mercredi 1 mars 2017

Le boulet des traditions

En introduction au film « Noces » du réalisateur belge Stephan Streker, une phrase indique : « Ce film est librement adapté de faits réels ». Le titre dans le générique est sur fond rouge sang. On s’attend donc au pire…

Une famille d’origine pakistanaise vit en Belgique : le père tient une épicerie, la mère est au foyer, il y a un grand fils, Amir, et 3 filles : l’aînée a déjà été mariée, la seconde Zahira va au lycée et semble être une élève brillante, la troisième, la plus jeune, n’a qu’un rôle de figurante.

Zahira, puisque c’est elle qui pose problème à la famille, est enceinte, le père étant un jeune pakistanais qui n’a guère envie de fonder une famille. Si tout le monde souhaite qu’elle avorte, Zahira s’interroge : le bébé (qu’elle nomme ainsi alors qu’on lui explique que ce n’est qu’un embryon), est musulman, puis il a une âme. Que faire ?

Mais le pire est à venir : ses parents lui présentent sur photo, trois candidats au mariage résidant au Pakistan, comme on choisit un canapé, un meuble sur internet, voire un animal de compagnie. L’un parle français, c’est déjà ça ! mais Zahira est éprise de liberté, elle porte à peine le voile, va en boîte avec copains et copines… Cependant, le poids des traditions est tel  que la honte rejaillirait sur la famille en cas de refus. Que faire ? Il y a bien le père d’Aurore, une copine de lycée, qui propose ses services pour sortir de l’imbroglio, en vain…

Cette famille pakistanaise a-t-elle plongée au sein du communautarisme ? oui et non ! oui si l’on considère leur volonté absolue de marier leur fille à un inconnu pourvu qu’il soit pakistanais, non si l’on considère leur mode de vie. Leurs enfants fréquentent des jeunes non musulmans, vont en boîte ensemble, le père semble très lié avec celui d’Aurore, ils ne sont pas hostiles à l’avortement, ils parlent couramment les deux langues… Alors ?

Remarquable interprétation de Lina el Arabi dans le rôle de Zahira, qui sait exprimer des sentiments contradictoires, présence toujours heureuse d’Olivier Gourmet dans le rôle du père d’Aurore. Réalisation fort intelligente de Streker qui propose de petites choses originales, telle Zahira courant sur le trottoir et dont l’ombre la rattrape et la dépasse.

Film sociétal qui interroge lourdement sur la possibilité d’intégration d’une communauté immigrée : les choses ne sont pas simples, mais au contraire très complexes.

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