La pièce d’abord, en alexandrins, en 5 actes, comme d’habitude avec M. Poquelin. Pièce éminemment actuelle, on pense en l’entendant à ceux qui ont affaire à la justice et qui se présentent à l’élection présidentielle. Je ne citerai que quelques vers :
Tout marche par cabale, et par pur intérêt ;
Ce n’est plus que la ruse, aujourd’hui, qui l’emporte… (Philinte, acte V)
Je ne trouve, partout, que lâche flatterie,
Qu’injustice, intérêt, trahison, fourberie ; (Alceste, acte 1)
Ce n’est plus que la ruse, aujourd’hui, qui l’emporte… (Philinte, acte V)
Je ne trouve, partout, que lâche flatterie,
Qu’injustice, intérêt, trahison, fourberie ; (Alceste, acte 1)
Hervieu-Léger adopte, malgré les costards cravate et les robes taillées au niveau du genou, une mise en scène somme toute plutôt classique, sans s’écarter trop de standards qui ne sauraient provoquer des remous. Tout juste un piano dont Alceste se sert quelquefois, un vieux et monumental lustre qui monte dans les cintres et redescend sur le plateau, de nombreuses portes d’entrée et de sortie de scène. Le décor, un peu vieillot, on se demande aussi pourquoi, tranche avec les costumes.
Ceci précisé, les acteurs déploient une énergie de bon aloi, les cinq actes sont bien découpés, la diction est parfaite, ce qui pour une pièce de Molière est un élément absolument indispensable, on en saura gré à tous. On sait que les acteurs de la troupe sont excellents pour peu qu’on ne les tienne pas dans un corset. Là, Hervieu-Léger a parfaitement réussi son pari, lui qui dans un préambule filmé disait sa crainte d’échouer dans une telle entreprise.
Alceste et Célimène, rôles interprétés par Loïc Corbery et Adeline d’Hermy, cassent la baraque. Corbery, d’un dynamisme parfois exagéré, campe un Alceste jeune, refusant toute compromission avec la société, épris d’amour sans avenir. D’Hermy, la voix haut perchée, au visage tantôt rieur, tantôt larmoyant quand elle sent que son amour lui échappe.
A côté d’eux, Éric Génovèse en Philinthe, Florence Viala en Arsinoé, Serge Bagdassarian en Oronte, Jennifer Decker en Éliante pour ne citer que les principaux, tous se hissent au diapason des deux premiers, dans une pièce qui, si elle n’est pas la plus connue des comédies de Molière, ni la plus jouée, constitue un monument littéraire et sociétal, dans le fameux triptyque avec Dom Juan et Tartuffe.
Du beau et bon travail de la Comédie Française !
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