dimanche 5 mars 2017

Des jonquilles sur la lune

Depuis que Luchino Visconti nous a offert son chef d’œuvre absolu, « Ludwig ou le Crépuscule des Dieux » en 1972, avec Helmut Berger dans le rôle titre, (4 h 45 en version intégrale, excusez du peu !), nous savons peu ou prou qui était Louis II, roi de Bavière, dans la seconde moitié du 19ème siècle. Roi excentrique, homosexuel, mécène de Richard Wagner, constructeur de châteaux romantiques, et roi devenu fou.

Frédéric Vossier, auteur dramatique, a proposé un texte à Madeleine Louarn, metteure en scène, dont le sujet serait précisément Louis II de Bavière, ceci à la demande de Madeleine Louarn, qui depuis trente ans, crée des pièces au théâtre avec l’atelier Catalyse composé d’acteurs handicapés.

C’était un pari, celui de faire se rencontrer un personnage historique considéré comme « fou », et des personnes handicapées, dans un spectacle créé au Festival d’Avignon 2016. Et ce fut un véritable choc théâtral, que ce « Ludwig, un roi sur la lune » présenté dans le cadre du CDN à Orléans.

Acteurs et spectateurs sont sur la scène, des gradins étant installés à la fois en fond et en bord de scène, les acteurs au milieu dans un long rectangle étroit, ce qu’on appelle en langage théâtral une disposition bi-frontale. Un tel dispositif, rare, mais toujours provocateur au bon sens du mot, permet aux spectateurs d’être très proches des acteurs, ceux-ci étant quasi immergés au sein du public, ce qui pour eux n’est pas sans risque et peut même faire peur.

Ils sont six, le rôle de Ludwig étant interprété successivement par deux acteurs, l’un jeune, l’autre plus âgé. En fond, donc d’un côté du rectangle, un décor représente un château de Bavière, et deux musiciens, une basse et un clavier. Le texte suit quelques instants de la vie de Ludwig, de la jeunesse au couronnement, jusqu’à la mort dans un lac, lesquels ne sont abordés souvent que par métaphores. La mise en scène est vive, c'est une véritable chorégraphie des corps que nous propose Madeleine Louarn, le chanteur et guitariste Rodolphe Burger interprète la chanson de Billie Jean, la scénographie est d’une grande richesse. Tout concourt à faire de cette rencontre, un moment très fort.

Quant aux acteurs handicapés, ils sont pour moi, une révélation exceptionnelle. On se demande alors où est la norme, où est le handicap, questions posées notamment avec la proximité entre public et acteurs rendue possible par le bi-frontal. Un grand moment théâtral qu’il ne fallait pas manquer, mais les gradins étaient pleins.

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