La Calabre est la région la plus méridionale de l’Italie continentale, la plus pauvre économiquement, et gangrenée par la Ndrangheta, organisation criminelle organisatrice du trafic de drogue. Elle est aussi la région qui se trouve en première ligne dans l’accueil des migrants venus en Europe par bateaux, lorsque ceux-ci n’abordent pas à Lampedusa que le réalisateur italien Gianfranco Rosi nous avait fait connaître dans le documentaire Fuocoamare qui lui avait valu l’Ours d’Or à la Berlinale en 2016.
Dans « Un Paese di Calabria », les deux réalisatrices Shu Aiello et Catherine Catella nous font découvrir un petit village de Calabre, Riace, lequel recueille les migrants arrivant par la mer. Loin de les rejeter, les habitants les hébergent dans les maisons abandonnées par l’exode des villageois, leur apprennent l’italien. Certains, seulement de passage, partent vers le nord, mais d’autres repeuplent ce village et lui redonnent vie.
Le documentaire nous propose de splendides paysages de l’Italie du sud, où la mer et la montagne cohabitent, tels les migrants et les villageois. Les réalisatrices ont planté leur caméra dans la rue, où les uns et les autres passent, parfois en adressant un petit clin d’œil. La caméra pénètre à l’école des migrants, et à l’église où le prêtre accueille les catholiques, mais aussi des musulmans venus prier.
En parallèle, une femme raconte en voix off, son exode du village après la guerre, afin de retrouver son mari à Nice, ayant fui son pays où on lui avait pris ses terres. Ce parallèle entre deux exodes est proprement génial, il faut le saluer.
Le problème, c’est qu’on a l’impression de nous trouver dans un conte de fées, car il n’est fait mention d’aucun problème, ou si peu. Tout semble aller dans le meilleur des mondes, comme disait Candide. A la fin, on assiste, lors d’une journée d’élections municipales, à la victoire du Maire, sauf qu’il se trouve une opposition qu’on ne voit pas, mais qui existe. On aurait pu lui donner la parole, tout comme on aurait aimé voir les migrants nouveaux sédentaires, dans leur travail quotidien. On se doute bien que tout n’est pas rose, mais de cela, les réalisatrices font silence. C’est dommage !
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