Le 12 juin 1967, la Cour Suprême des Etats-Unis a déclaré inconstitutionnelles toutes les restrictions, qui, dans 18 états américains, prohibaient les mariages interraciaux. C’était il y a 50 ans, autant dire hier. Et ce n’est qu’en 2000 que l’état d’Alabama a modifié sa constitution pour les autoriser. Jeff Nichols, le réalisateur de « Mud » sorti en 2013 en France, nous raconte le combat d’un couple mixte qui a fait plier la législation raciste des Etats-Unis, dans son dernier long métrage, « Loving ».
Nous sommes en Virginie. Soit Richard Loving, maçon de son état, mais aussi mécano à ses loisirs sur des bolides de course, à la peau blanche. Il aime sa fiancée, Mildred, dite Brindille, noire de peau, laquelle se retrouve enceinte. Ils partent se marier dans l’Etat de Columbia, car en Virginie, on n’a guère progressé depuis l’abolition de l’esclavage. Rapidement mis en prison, on ne les libère qu’à la condition de quitter l’état pendant 25 années. Deux avocats des droits civiques vont porter l’affaire devant la Cour Suprême, et on en connaît le résultat.
Richard et Mildred, interprétés respectivement par Joel Edgerton et Ruth Negga, tiennent admirablement l’écran. Lui, l’air taciturne, peu enclin à aller devant la cour suprême, elle, tirant son époux afin de faire valoir leurs droits de citoyens. Tous deux expriment leurs sentiments très forts sur leurs visages, surtout elle, qui aurait sans doute mérité un Prix d’interprétation à Cannes d’où le film est reparti bredouille. Encore une bévue du jury ! Ajoutons deux avocats, l’un à la mine rieuse, l’autre, un peu bouffi, qui forment un duo assez formidable, à la Laurel et Hardy, mais sacrément compétents. En fait, chaque personnage présente un visage qui pourrait le dispenser de paroles, tant on soupçonne immédiatement le fond de sa pensée. Et c’est ce qui fait une des grandes forces du film de Jeff Nichols. On assiste à des moments sublimes comme l’arrivée des trois enfants du couple, quand on les découvre quasiment dans la même séquence, mais à quelques années d’intervalles, bien sûr. Ainsi qu’un moment de très forte angoisse avec un incident sur le chantier du père qui aurait pu tourner au drame, et l’autre accident, celui d’un des enfants, qui aurait pu aussi virer au drame. Mais non, Nichols n’en rajoute pas, son film se situe hors violence physique !
Le réalisateur, nous sommes dans la seconde moitié des années 50, restitue la vie dans ces petites villes où les gens n’ont jamais mis les pieds dans les grands centres urbains : belles voitures rutilantes et spacieuses, petits écrans de télévision où l’on regarde les premières fusées de la Nasa qui s’élèvent dans le ciel, jeunesse dont le passe temps favori consiste à assister à des départs de bolides de course, pied au plancher. Film émouvant que Ruth Negga illumine de son visage, tantôt souriant, tantôt triste, et aux yeux charmeurs.
Oui, c'est un film plein d'humanité, dont le jeu des acteurs et les expressions des visages valent tous les discours. Joel Edgerton et Ruth Negga, sont superbes en montrant par cette histoire de vie que certains doivent toujours se battre, au nom de l'Amour contre les préjugés. Il s’y dégage une force impressionnante qui permet au couple de tenir malgré le contexte difficile, fonder une famille et poursuivre les démarches pour une reconnaissance de leur union.
RépondreSupprimerIl n’y aura que 50 ans le 12 juin 1967 que cet arrêt a été promulgué, c’était hier...
Ce film aurait dû être primé.