vendredi 20 janvier 2017

Liberté ou soumission, choc des cultures

Photo de Francesca Torrachi (Leïla Anis)
Le théâtre de la Tête Noire de Saran présentait hier soir, « Braises », sur une texte de Catherine Verlaguet, dans une mise en scène de Philippe Boronad de la compagnie Artefact.

L’auteure, la quarantaine aujourd’hui, est une « touche à tout » au théâtre, comédienne, metteure en scène, mais surtout auteure de romans, nouvelles, scénarios de courts-métrages, polars radiophoniques, comédies musicales, adaptations scéniques, et pièces de théâtre naturellement. Elle écrit Braises en 2014, texte qui sera en 2015 mis en scène et présenté au festival d’Avignon la même année.

Nous sommes dans une famille dite maghrébine  immigrée : la mère nous attend sur un canapé pendant que le rappeur Oxmo Puccino égrène les paroles de « Peu de gens le savent » :

Moi je peux te le dire moi, je sais de quoi je te parle, enfoiré, hein
Puis à l'école hein, l'école
Tu demandes à chaque mec des cités,
T'as quoi comme diplôme, m'fin, comme brevet ?
Il va te sortir j'ai un BEP moi
BEP, Tu crois qu'tu vas faire quoi avec un BEP, hein ?
Eh, combien de millionnaires en BEP, hein ?
Aujourd'hui tu vas voir la conseillère d'orientation
Elle te sort ouaih,
Moi j'ai un bon plan pour vous, faites un BEP chaussure
Hé, j'lui fais moi, les gens ils m'ont attendu pour marcher moi
Hein, BEP chaussure ?!
Elle va te faire bah alors un BEP chaudronnerie monsieur
Chaudronnerie enfoiré,
Tu crois que je vais faire quoi avec la chaudronnerie moi
Chaudronnier, hein ?
Tu crois que je vais faire quoi avec un chaudron…

La mère (Aïni Iften d’origine kabyle) nous parle de sa cité, de son immeuble où l’ascenseur est perpétuellement en panne, elle habite au 17ème étage de sa tour. Arrive sa fille Leïla (Leïla Anis) qui va bientôt se marier, on suppute un mariage arrangé. Elle se regarde dans un immense miroir – non, il s’agit d’un écran vidéo où son double apparaît – enfile sa robe de mariée, son voile. Survient l’autre sœur, Neïma (Manon Allouch) qui passe, disparaît, revient… Est-ce son esprit en maraude qui vient visiter sa sœur ? Tandis que Leïla respecte la tradition, voire la soumission, Neïma affirme sa liberté de femme, celle qui prétend aimer qui elle veut, voire un non musulman. Les deux sœurs dialoguent, échangent parfois leur rôle, ne parviennent pas à se comprendre, la mère paraissant ailleurs. Jusqu’au drame inspiré directement de celui vécu par Sohane Benziane en 2002.
Magnifique chant berbère que nous offre Aïni Iften en guise de conclusion.

Mais pourquoi ai-je au final éprouvé comme un goût d’inachevé ? Quelque chose qui manquerait à la pièce ? Peut-être parce que le final, trop attendu, ne surprend pas. Alors je me suis dit qu’il manquait quelque part comme un coup de poing envoyé crûment au spectateur. Et si la scène finale était carrément placée au début de la pièce ? Non ?

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