« A moi la vengeance et la rétribution, Quand leur pied chancellera! Car le jour de leur malheur est proche, Et ce qui les attend ne tardera pas. » Deutéronome 32
« Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Lévitique 19-18
Kôji Fukada dans son dernier long métrage, « Harmonium », traite de la vengeance, peut-être post mortem allez savoir, sans préciser si elle est d’essence divine. Le second thème est celui de la connaissance de l’autre au sein d’un couple, ou plutôt de l’ignorance de qui est réellement son conjoint.
Nous sommes dans une famille, un couple et une petite fille de 7/8 ans, laquelle fait quelques efforts, mais pas trop, pour interpréter lors de la prochaine fête, un petit arrangement musical sur un harmonium, d’où le titre.
Survient un 4ème personnage jouant le rôle de perturbateur dans cette famille où la mère et la fille rendent hommage à Dieu selon le rite protestant, ce qui ne concerne manifestement pas le père, patron d’une petite entreprise de tôlerie. On sait très vite que ce 4ème personnage, ami de longue date du père, sort de prison. Kôji Fukada nous livre l’histoire qui lie ces deux hommes au compte-goutte, jusqu’au drame final, car la vengeance est un mets qui se mange froid. Fin de la première partie.
Dans la seconde, huit années ont passé, chacun est lié par un secret que l’autre imagine et découvre, parallèlement à l’entrée en scène d’un nouvel intrus. Un second drame parachevant la vengeance clôt cet Harmonium, sans doute quelque peu longuet parfois, mais il était sans doute difficile de donner plus de vivacité au film, Kôji Fukada prenant le temps de poser avec finesse tous les ingrédients du scénario. A ne pas manquer, la scène qui s’étire dans la première partie, où les quatre protagonistes déjeunent sans s’adresser la parole, les deux hommes à gauche, la mère et la fille à droite, dans un bruit de « slurp » amplifié : c’est carrément jouissif !
Deux très belles compositions, celle du père, Kanji Furutachi, d’une froideur à toute épreuve, laquelle doit bien cacher de lourds secrets, déjà vu dans le magnifique « Au revoir l’été » du même réalisateur, film sorti en 2014, et Mariko Tsutsui dans le rôle de la mère, dont le regard porté sur sa fille est d’une force incroyable, et qui semble ployer sous tous les péchés du genre humain. Présenté au dernier festival de Cannes dans la section « Un certain Regard », Harmonium a obtenu le prix du Jury.
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