Photo de Pascal Gely |
"Un voyant stable brille dans le noir, dormez paisiblement, vous êtes reliés par des câbles invisibles au nuage qui s’occupe de vous. C’est ça, le bonheur ?"
Olivier Cadiot, né en 1956, écrit pour le théâtre, pour l’opéra, et traduit des textes bibliques, entre autres. Il a été artiste associé à Avignon en 2010.
Ludovic Lagarde, né en 1962, est metteur en scène, et actuellement Directeur du CDN de Reims.
"Mettez-moi dans une boîte et faites-moi entendre le bruit des hirondelles qui foncent sur un insecte à un millimètre des façades. C’est ça le bonheur ?"
Quant à Laurent Poitrenaud, né en 1967, il est comédien. On le retrouve dans nombre de films (Victoria, Microbe et Gasoil, 21 nuits avec Patie) ainsi que sur les planches, dans « la Mouette » de Nauzyciel ou « Lear is in town », cette dernière pièce présentée en Avignon en 2013 réunissant déjà le trio de Providence.
"Darwin, un jour de maladie, au lieu de rester au lit comme tout le monde aujourd’hui à regarder des séries en accumulant des mégots, des verres sales – enfoui dans un canapé poussiéreux à attendre SOS médecins, à se plaindre, à se bourrer d’anxiolytiques en dormant le plus possible pour gagner des heures, décide d’observer des plantes grimper."
Poitrenaud sur scène, ce sont des gestes d’une précision infinie, un bras qui décrit une courbe majestueuse, une main qui arrête la musique, un mouvement de tête, une démarche juste, l’art de s’asseoir sur un canapé, de se relever, tout chez l’acteur procède d’une mécanique exacte. Sa voix claire est posée, s’il l’élève, c’est à bon escient pour revenir aussitôt au ton mesuré.
"On se promenait chez moi comme dans un château – et je faisais volontiers visiter l’endroit. C’était assez beau, acier brossé, bois à la clarté danoise ; boutons de palissandre et petite lumière rouge de la lampe de l’amplificateur allumé pour signaler que la bête en sommeil était là dans la pièce."
Sur scène, un divan noir, quatre enceintes géantes comme on les trouvait autrefois avant qu’on ne miniaturise tout, et de chaque côté, deux anciens magnétophones à bobines que l’acteur met en marche ou arrête, d’abord en appuyant sur un bouton, puis d’un geste ample (c’est ça le progrès !).
"C’est le moment où j’ai perdu le fil. A force de vouloir transmettre des sensations le plus exactement possible dans ma langue maternelle, les adjectifs dérapaient, les adverbes partaient dans l’autre sens, les verbes n’arrivaient qu’à la fin et ne correspondaient pas à l’action du début."
Le texte de Cadiot est beau à l’écoute, on l’aime instantanément, on le déguste, il vient nous effleurer avant de rejaillir l’instant d’après. L’auteur s’adresse à sa conscience, son double, sa mue, et réciproquement, que l’on voit apparaître à la fin de la pièce sur un écran. Tous deux se rappellent des épisodes de leur vie commune avant qu’ils ne se séparent.
Mais il est vrai, il faut l’avouer, qu’on perd parfois le fil comme dit l’auteur (voir plus haut), puis on revient, on s’y perd, on se retrouve, et ainsi de suite…
« Tout est dans tout, et ça fonctionne », s’exclame-t-il ! C’est probablement vrai !
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