samedi 19 novembre 2016

Road-movie d'une jeune danseuse

Valérie Müller est la compagne d’Angelin Preljocaj*, Directeur du Ballet d’Aix en Provence. Tous deux, co-réalisateurs et co-scénaristes, présentent actuellement sur les écrans, « Polina, danser sa vie ».

C’est l’histoire d’une jeune fille géorgienne ou russe, je m’y perds, Polina, qui, au moment d’entrer dans la compagnie du Bolchoï, découvre la danse contemporaine, part seule en France (enfin avec son copain français), et est intégrée dans la compagnie de Preljocaj. Déçue, elle file en Belgique sans argent, est serveuse dans un bar louche, et finit par rencontrer un danseur indépendant avec lequel elle crée une chorégraphie pour le festival de Danse de Montpellier, m’a-t-il semblé.

Quatre acteurs/danseurs crèvent l’écran.
D’abord, le prof de danse classique en Russie, d’une grande dureté, quoiqu’il puisse apparaître plus humain à de rares moments. Assurément, la danse classique n’a pas le beau rôle dans le film, tant elle peut apparaître au spectateur novice, comme un art du passé, maltraitant les enfants.
Ensuite, Juliette Binoche, professeur de danse au Ballet Preljocaj, plus vraie que nature. On se dit qu’elle a dû faire ce métier toute sa vie tant elle maîtrise son rôle à la perfection.
Jérémie Bélingard, danseur Étoile de l’Opéra National de Paris et dont curieusement son titre n’apparaît pas dans le générique, est le danseur indépendant rencontré en Belgique. Son duo final avec Polina est, mais on pouvait s’en douter, d’une infinie beauté.
Enfin Polina elle-même que la caméra ne quitte quasiment pas, filmée le plus souvent de très près. Elle apparaît, et c’est ce qui frappe le plus, le regard triste. Bien peu de sentiments émergent de son joli minois. On apprend qu’elle a été choisie sur un casting de 600 danseuses. Alors, volonté des réalisateurs de coller la tristesse sur ce regard adolescent ?

Ceci dit, des séquences dansées sont magnifiques, je pense notamment à celle montrant la danse sur pointes, filmée au raz du sol et ne montrant que les chaussons, chevilles et le bas des mollets. Et surtout la séquence finale, sur un champ de neige en forêt, idée lumineuse des réalisateurs, lorsqu’un élan passe lentement à travers les feuillages. Un rêve passe…

Comme je le disais plus haut, la danse classique a le mauvais rôle, la danse contemporaine étant présentée comme l’avenir du 5ème art, Polina disant d’ailleurs vouloir « regarder le monde ». Le monde de la danse sans doute, par toutes ses composantes, et nous savons qu’elles sont diverses.

C’est un film sur la danse, sans doublure comme c’est trop souvent le cas et où le spectateur est totalement abusé, un film qui montre qu’une jeune danseuse n’a pas la vie facile lorsqu’elle n’est pas engagée dans une compagnie, un film vrai qu’il fallait faire et c’est son mérite, même si les clichés sont nombreux. On comprend dès lors pourquoi nos danseurs et danseuses de l’Opéra National de Paris, quasi fonctionnaires et donc assurés de l’emploi et du salaire, ne quittent pas l’ONP, même s’ils (elles) sont confinés dans le corps de ballet.

* Angelin Preljocaj que j'avais laissé à Avignon, dans un "truc", mi-figue, mi-raisin, en 2015.

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