mercredi 30 novembre 2016

Quand tout menace de s'effondrer...

Asghar Farhadi, contrairement à d’autres, a eu la chance de plaire au Jury du dernier Festival de Cannes, puisqu’il a obtenu le prix du scénario pour son film « le Client », tandis que l’acteur principal, Shahab Hosseini, recevait le Prix d’interprétation masculine. Il est vrai que Farhadi collectionne les récompenses un peu partout.

Un jeune couple dans Téhéran, la trentaine, lui enseignant, eux deux acteurs de théâtre, activité qui n’est pas sans danger dans la République islamique. Ils répètent la pièce d’Arthur Miller, « Mort d’un commis voyageur » avant de la jouer en public. Farhadi nous rappelle que la censure veille. Pour le film aussi, sans aucun doute.

Forcés d’évacuer leur immeuble menaçant de s’effondrer (métaphore annonçant la possible désagrégation du couple, mais aussi celle de la société iranienne), ils emménagent ailleurs. Son mari absent, elle est agressée dans sa salle de bain et refuse de porter plainte. Nous n’en saurons guère plus, le mari non plus. Que s’est-il réellement passé ? Connaît-elle son agresseur ? Lui veut savoir !

Farhadi nous embarque dans un questionnement psychologique, elle particulièrement choquée et redoutant une nouvelle agression, malgré tout encline au pardon, lui voulant comprendre et préparant sa vengeance, laquelle, chacun le sait, est un plat qui se mange froid.
Le film regorge de scènes, qui au premier abord, n’ont pas de liens directs avec l’intrigue, mais qui révèlent la vraie nature des deux êtres que la tentative de viol perturbe profondément. En cela, le cinéma de Farhadi apparaît comme une étude de caractères particulièrement minutieuse.

La dernière image, celle où le couple se laisse maquiller avant d’entrer en scène, les visages décomposés, interpelle : se relèvera-t-il de cet épisode douloureux, comme la société iranienne secouée par des années d’obscurantisme ? On ne sait, l’avenir le dira.

Les deux acteurs (seul l’homme a été récompensé à Cannes, elle aurait pu être associée) sont d’une justesse parfaite, dans le couple, lui au lycée avec ses élèves, ou les deux au théâtre.

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