jeudi 20 octobre 2016

Reportage au sein de la classe moyenne brésilienne

Kleber Mendonça Filho est décidément un cinéaste du quotidien, tant il peint la réalité de son pays, et plus particulièrement de la ville de Recife, par petites touches, en filmant de petits riens, de petits détails de la vie ordinaire, lesquels s’ils peuvent paraître insignifiants, forment à eux tous, une fresque réaliste de la population brésilienne.

Les « Bruits de Recife » sorti en 2012, en est une parfaite illustration. Mendonça Filho a planté sa caméra dans une rue de laquelle on ne sortira pas. Rue située dans un quartier aisé de Recife, où les immeubles sont barricadés à coups de grilles, murs, caméras, systèmes de sécurité…
Un type âgé règne sur plus de la moitié des appartements qu’il possède, et où il loge sa famille. Un de ses petits-fils est agent immobilier, un autre pille les voitures en stationnement. On trouve aussi une femme, mère de deux enfants, laquelle passe ses journées à fumer, et pas que du tabac, utilise l’aspirateur et le lave-linge d’étrange manière (jamais vu ça !). Elle a deux enfants qui apprennent, grâce à des cours à domicile, le chinois, et qui massent leur maman de curieuse façon.
Il y a aussi un chien qui hurle jour et nuit et qu’on essaie de faire taire, et les bonnes, car chez les gens aisés là-bas, on a une bonne qui loge dans la chambre de la bonne, qu’on peut évidemment insulter et virer à la moindre erreur de sa part.
On navigue dans une réunion de copropriétaires où il est question de licencier un gardien qui dort la nuit, filmé par un ado tout content de son exploit.
Survient une entreprise de surveillance qui officie la nuit. Abrités sous une tente, les deux ou trois compères surveillent, et semblent être là pour autre chose.

Documentaire (qui n’en est pas un) des habitants d’une rue à Recife, de jour comme de nuit. Mais aussi et peut-être comme le titre l’indique, reportage sur les bruits d’une rue où même la nuit, on ne parvient pas à dormir à cause du chien. Bruits parfois et souvent  amplifiés qui nous explosent à la figure. L’ingénieur du son a dû se faire infiniment plaisir !

Kleber Mendonça Filho se complaît à nous décrire la classe moyenne brésilienne, voire un peu au-dessus de la moyenne, comme dans Aquarius, son dernier film, sorti il y a quelques semaines. Si dans Aquarius, on trouve un scénario qui tient le spectateur en haleine, on ne perçoit pas de fil conducteur ou si peu dans les Bruits de Recife, la scène finale n’étant là, du moins me semble-t-il, que pour clore le film, quoique la vie puisse continuer dans la rue, malgré les conflits quotidiens, les pillages de voitures, les tirages de cheveux, ou les meurtres. C’est comme cela aussi qu’on vit chez ces gens-là !

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