Primé à Cannes dans la section « Un Certain Regard » ainsi qu’à Deauville, le film de l’américain Matt Ross « Captain Fantastic » procède d’un culot monstre de la part du réalisateur, et surtout du scénariste, lesquels en fait ne font qu’un !
Au cœur d’une forêt, un cervidé se promène calmement lorsqu’il est attaqué et tué au couteau par un être humain, qu’on croit noir, mais qui se révèle être un blanc peinturluré, bientôt rejoint par la famille, le père, un autre garçon ado, deux filles rousses et deux petits blonds. C’est la famille Cash qui vit loin du monde civilisé. On aurait bien tort de les prendre pour des mormons, ou pour une quelconque secte refusant le modernisme. En fait, les six enfants sont parfaitement éduqués, ils connaissent les textes de Noam Chomsky et se plaisent à écouter les variations Goldberg de Bach, interprétées par Glenn Gould. Ils rejettent le capitalisme, sont fortement imprégnés de marxisme, refusent la société de consommation. Les plus jeunes ne sont pas en reste et peuvent à la demande disserter sur les amendements de la constitution américaine. Rien que cela…
Tout irait pour le mieux si la mère, hospitalisée, ne décédait. Il faut donc se résoudre à se rendre aux obsèques et se confronter au reste de la famille. C’est là que les problèmes vont naître ! et Matt Ross d’imaginer des situations totalement loufoques dans lesquelles les six enfants et ados sont confrontés à une vie dont ils ignorent tout.
Matt Ross pose la question : peut-on aujourd’hui vivre à l’écart de la civilisation et choisir un mode d’éducation de ses enfants totalement en décalage ? En fait, si le père rejette les dérives de la civilisation, il sait aussi s’adapter quand il le faut, voire les utiliser au besoin. D’où ses contradictions qui ne peuvent le mener qu’à l’échec. Que Matt Ross s’en sorte par une pirouette qui permet à la famille de couper en quelque sorte la poire en deux, cela ne remet pas en cause le grand intérêt du film, servi par Viggo Mortensen rajeuni et brillant, et surtout par des enfants adorables, notamment les deux filles rousses et les deux petits blondinets.
Un film qui nous sort des habituels « comédies dramatiques » qui n’ont d’autre intérêt, que de faire du fric. Un film où l’on respire à pleins poumons, un cinéma vivifiant !
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