Concernant le cinéma finlandais, on connaissait un seul et unique nom, celui de Aki Kaurismäki, Grand Prix à Cannes en 2002 pour « l’Homme sans passé ». Dorénavant, il nous faut ajouter un second nom, Juho Kuosmanen, réalisateur de « Olli Mäki », « Prix - Un certain Regard » à Cannes cette année.
C’est une sorte de biopic romancé, racontant les quelques jours ou semaines qui ont précédé, en 1962, un championnat du monde de boxe entre le boxeur local Olli Mäki, et l’américain Davey Moore, à Helsinki. Olli Mäki était un jeune boxeur, tout frais arrivé chez les professionnels. Descendu de deux catégories pour des raisons obscures, et dépassant la limite de poids, il fut obligé de s’astreindre à des séances de sauna. Derrière lui s’agitaient en coulisses, les pros du fric, manager en tête, dont l’objectif était facile à deviner. Olli Mäki fut battu au deuxième round par arrêt de l’arbitre après être allé 3 ou 4 fois à terre.
Mais Olli Mäki avait la tête ailleurs : c’est à ce moment précis qu’il tomba amoureux de la belle Raija, au « pire moment », lui reprocha son manager. On voit donc Olli osciller entre les entraînements sur le ring, les nombreuses séances photos avec les sponsors, les dîners offerts par les mêmes sponsors, et les regards appuyés vers la délicieuse Raija, voire les balades à deux sur la bicyclette de Raija dans la campagne finlandaise. La défaite du boxeur local sera pour lui, une sorte de délivrance, le monde du fric au sein duquel il baignait l’espace de ces quelques semaines, n’étant pas, et de loin, sa tasse de thé. D’ailleurs, le titre original à Cannes, « La journée la plus heureuse dans la vie de Olli Mäki » traduit bien mieux l’esprit du film que le titre devenu maigrichon et incompréhensible des diffuseurs.
Tourné en Noir et Blanc, avec des acteurs remarquables, ce long métrage, le premier du jeune réalisateur, est particulièrement lumineux et le N&B y contribue fortement. Il est d’autre part fort rare qu’une compétition sportive reconstituée au cinéma donne cette impression de documentaire, le combat final étant fort bien filmé, et c’est là une vraie réussite filmique.
PS : L’américain Davey Moore, s’il a conservé facilement son titre en 1962, perdra la vie sur un ring, ou peu s’en faut, l’année suivante. Bob Dylan (récemment prix Nobel de littérature) lui a consacré une chanson : « Who killed Davey Moore ? ». A écouter sur Deezer.
Ou en français par Graeme Allwright : Qui a tué Davey Moore ?
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