Photo A. Poupeney |
L’Ensemble Alla francesca est spécialisé dans les musiques du Moyen Âge, chansons et pièces instrumentales, il se produit en France dans les grands festivals ainsi qu’à l’étranger. Cependant, c’est la première fois qu’il mène une collaboration avec la danse contemporaine. Sur scène à Orléans, trois musiciennes – chanteuses : Brigitte Lesne à la harpe pasaltérion ou « rote », par ailleurs co-directrice d’Alla francesca, Vivabiancaluna Biffi à la vièle à archet, ancêtre de la famille des violons, enfin Christel Boiron, au chant uniquement. Elles interprètent des ballades médiévales du XIIème au XIVème siècle, celles des troubadours en langue d’oc et des trouvères en langue d’oïl, ballades notamment de Guillaume de Machaut. Voix claires et majestueuses, musique harmonieuse.
Bel ami, charmant et courtois, quand vous tiendrai-je
en mon pouvoir ? Que ne suis-je couchée un soir
auprès de vous pour vous donner un baiser d'amour !
Sachez que j'aurais grand désir de vous tenir [dans
mes bras] à la place de mon mari, pourvu que vous
m'eussiez promis de faire tout selon mon désir.
en mon pouvoir ? Que ne suis-je couchée un soir
auprès de vous pour vous donner un baiser d'amour !
Sachez que j'aurais grand désir de vous tenir [dans
mes bras] à la place de mon mari, pourvu que vous
m'eussiez promis de faire tout selon mon désir.
Comtesse de Die (Mélodie aquitaine)
On chantait d’étranges choses en ce temps-là… Et le tout à l’avenant !
Cinq danseurs les accompagnent, trois hommes et deux femmes, jean bleu foncé, maillot noir et pieds nus. Citons : Romain Bertet, Mélanie Cholet, Max Fossati, Laurie Giordano et Yannick Hugrnon.
Au début, deux se font face, on entend leur lourde respiration grâce à des micros cravate. Puis seuls, ou en duo, vers la fin tous les cinq, ils virevoltent, tourbillonnent lentement, accélèrent, ralentissent leurs mouvements, utilisant à plein l’ombre ou la lumière de la scène. Le travail des bras est remarquable par sa précision. En fait, ils épousent le rythme de la musique chantée, Alban Richard s’étant entouré d’une analyste du mouvement dansé, Nathalie Shulmann. C’est un jeu à trois, jeu de l’amour courtois, auquel se livrent la danse, la musique et le chant, chacun entraînant les deux autres dans une magnifique ronde médiévale. Alban Richard nous explique : « Le mouvement est composé à partir de la rythmicité des poèmes, de la durée du pied, du mot, du vers… »
Guillaume de Machaut écrivait : « Même si l’on pouvait dénombrer les étoiles… ou les gouttes de pluie et celles de la mer(…), on ne pourrait ni penser ni concevoir le grand désir que j’ai de vous voir. » Désir de voir le travail du chorégraphe, de ses danseurs qui comptent les étoiles de l’univers, vers la fin, dans un bruit infernal de respirations et de tempêtes.
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