Brooklyn Village, du réalisateur états-unien Ira Sachs, a obtenu le Grand prix, ce qui correspond au 1er prix, au Festival de Deauville, cette année. Il le mérite amplement ! Le cinéma outre-atlantique est tout à fait capable de produire des films de haute qualité, qui ne plongent ni dans la violence, ni dans la science-fiction, mais qui se situent dans le réalisme ordinaire de la vie américaine, hors les faits divers sordides.
Ce film conte l’amitié profonde qui unit deux adolescents, amitié qui sera rompue par le différent d’ordre financier entre leurs parents respectifs. Car les sentiments ne sauraient prévaloir devant l’argent !
Un couple vient s’installer dans la maison du grand-père récemment décédé. Il se trouve qu’au rez-de-chaussée, une couturière tient boutique, paie un loyer dérisoire, et refuse toute augmentation, prétextant d’une part qu’elle ne gagne pas suffisamment d’argent, et d’autre part qu’elle s’est occupée du grand-père qui n’aurait jamais voulu qu’elle quitte les lieux. Mais le couple est aussi à court d’argent, et ne peut vivre sans augmenter le loyer.
Or, chacun a un fils du même âge, lesquels vont se lier d’une amitié profonde dès leur première rencontre, même si leurs goûts diffèrent de manière importante, et même si le fils de la couturière est moqué et victime d’une baston au lycée.
Le père est artiste, acteur de théâtre. Son fils, Jake, rêve d’intégrer une section picturale d’un lycée réputé. La couturière est aussi une artiste dans son domaine. Quant à son propre fils, Tony, il suit des cours d’art dramatique et voudrait bien aussi intégrer le fameux lycée. On nage, peu ou prou, dans l’univers des personnages de la Mouette de Tchékhov, qui est d’ailleurs la pièce que répète le père de Jake.
L’amitié ne résistera pas face au besoin d’argent du couple. Était-ce un rêve, cette amitié éphémère ? Treplev dans la Mouette, s’exclame : « Il ne faut pas peindre la vie telle qu’elle est, ou telle qu’elle devrait être, mais telle qu’elle nous apparaît dans nos rêves. » Rêve que nous dépeint avec infiniment de beauté, Ira Sachs.
On ne peut passer sous silence, la prestation des deux ados, empreinte d’un charme fou, ainsi que d’une scène totalement fabuleuse où un prof d’art dramatique et Tony s’affrontent dans un face à face haut en couleurs. Que voilà du très bon cinéma US !
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