mercredi 21 septembre 2016

Des vivants et des morts...

Le Festival de Berlin a couronné cette année, Fuocoammare, par-delà Lampedusa, et son réalisateur, Gianfranco Rosi, en lui attribuant l’Ours d’Or. Il avait déjà reçu en 2014, un Lion d’Or à Venise pour un autre documentaire sur le « Grand contournement de Rome ».

Le film apparaît comme un double documentaire, chacun étant mis en parallèle de l’autre, sans qu’à aucun moment les deux ne se rencontrent. Ces deux mondes, celui de la vie ordinaire des habitants de l’île, et celui des migrants arrivant par milliers sur des bateaux de fortune, morts ou vivants, parfois entre les deux états, s’ignorent, bien que situés à quelques kilomètres l’un de l’autre, voire moins.

Du côté des insulaires, un enfant d’une dizaine d’années, Samuele, aime tirer avec une fronde qu’il s’est fabriquée, pas sur les animaux, encore moins sur les hommes, mais sur des plantes, voire en mimant, en l’air, peut-être vers les étoiles… On le voit à l’école, chez l’ophtalmo, chez le médecin, avec son père, pêcheur, ou son copain. Il y a aussi ses parents, la mère s’occupant de la maison. Toutes les scènes de la vie ordinaire de ce petit village en bord de mer, de la rencontre entre l’enfant et un petit oiseau, ou de la mère refaisant le lit du couple à la perfection, exhalent un calme, un bonheur ordinaires, loin du vacarme des grandes villes.

De l’autre côté, mais tout proche, un bateau de la marine italienne recueille à son bord, les réfugiés, hommes, femmes, enfants, venus d’Afrique ou de Syrie, visages hagards, sans forces, déshydratés... Certaines images sont parfois difficilement soutenables, tant la mort et la vie se côtoient. Rosi a sans nul doute, voulu comparer les deux mondes de Lampedusa, aux vivants et aux morts, si proches et si éloignés, tous deux étrangers l’un de l’autre en même temps.

Film choc assurément, d’où l’on sort perturbé par ces hommes qui crient leur douleur, mais qui ne regrettent pas d’avoir tenté la traversée, tel celui qui s’écrie : « Il n’est pas risqué de prendre des risques, car la vie est un risque ! ».

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