mercredi 10 août 2016

Comment on devient meurtrière de masse...

Film choc des réalisateurs tchèques Petr Kazda et Tomás Weinreb, « Moi, Olga » qui relate la vie d’Olga Hepnarová, jeune femme dans la Tchécoslovaquie à la fin des années 60 et début des années 70.

Olga Hepnarová est lesbienne et probablement schizophrène. Rejetée par son père, sans amis ni amies, elle fuit l’espace familial. Alternant les travaux dans les entreprises où elle ne reste pas longtemps, la haine de la société la submerge. Se considérant la « souffre douleur » de tous et toutes, elle décide, au volant d’un camion, de foncer sur des passants attendant le tram sur le trottoir, tuant 8 personnes et en blessant une vingtaine. Au procès, elle réclame la peine de mort. Elle est pendue en 1975 et sera d’ailleurs la dernière femme exécutée en Tchécoslovaquie.

C’est une jeune actrice polonaise, Michalina Olszanska, qui tient le rôle d’Olga. Brune, le regard buté, baissant souvent la tête, d’une grande maigreur, elle émeut le spectateur en dégageant une certaine pitié, et par là, suscitant la compassion. A l’écran quasiment durant tout le film, le regard d’une infinie tristesse, mais marqué par une volonté farouche, rares sont celles ou ceux qui ne la rejettent pas.

En prison, face à sa mère venue la rencontrer, elle de dos, sa mère de face, aucun mot ne sera prononcé : scène d’une très grande force, sa mère ne pouvant la rejeter même après la tuerie.

Filmé tourné entièrement en Noir et Blanc, ce qui accentue l’effet dramatique et historique, les réalisateurs ne semblent pas prendre parti et laissent le spectateur comprendre quel mécanisme peut conduire un individu à se transformer en meurtrier de masse : question éminemment actuelle en France.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.