vendredi 22 juillet 2016

Un Babel très décevant !

Il y a deux publics dans un spectacle tel Babel 7.16, des chorégraphes belges, Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet : les festivaliers qui vont et viennent de spectacle en spectacle, et les avignonnais qui n’iront voir ni les Damnés, encore moins Karamazov (5 heures 30), sans parler de 2666 (12 heures). Pour ces derniers, point besoin d’approfondir, on leur sert n’importe quoi et ça fonctionne sans problème. Il y a bien quelques sifflets, des gens qui restent cois, et un tonnerre d’applaudissements. Mais ceux-là applaudissent quoi ? je me le demande, tant les chorégraphes belges se sont moqués du monde.

C’était pourtant bien parti : une formidable chorégraphie d’ensemble (20 danseurs), utilisant toute la largeur de la scène de la Cour, et qu’elle est large, scandée par deux énormes tambours frappés par des sortes de battes de base-ball ; puis vint le discours (en anglais, surtitré sur le mur) d’un coryphée, qui explique que les papes ont fui Rome pour s’installer en Avignon au 16ème siècle, où ils furent accueillis à bras ouverts (contrairement aux vagues actuelles d’immigration) – on adhère au propos – que le palais des Papes est une formidable ressource financière avec ses 600 000 visiteurs par an, ce qui porte le prix du château à 7,16 milliards d’euros. On comprend alors le titre (je croyais ingénument que cela voulait dire juillet 2016).

Et plus rien après, sauf du remplissage. On nous explique en long, en large et en travers que la langue anglaise est la plus parlée au monde (en excluant le chinois, soit !). Ben oui, on s’en doutait bien un peu. Sur scène, cinq structures métalliques en forme de parallélépipède, qu’on retourne, qu’on emboîte, qu’on déboîte aussitôt, sans qu’on comprenne quoi que ce soit, qu’on fait glisser, par où en entre et sort (il y a bien un danseur, ne parvenant pas à en sortir,  qui cogne sur les parois fictives). Il paraît que les 5 structures métalliques correspondent aux 5 continents : c’est oublier un peu le 6ème qui a sans doute le tort de continuer à fondre. Et ça bavarde, ça parle de tout et de rien dans diverses langues, surtout l’anglais, et ce n’est pas surtitré. Z’ont qu’à être anglophones, les spectateurs ! Au passage, on moque les débuts de la danse contemporaine en Belgique, on plaisante les chorégraphes.
Côté acteurs ou danseurs comme on veut, il y a aussi une sorte de mi-robot articulé, mi-poupée gonflable, ainsi qu’une femme qui fait le ménage… Eh oui, on ne va pas confier le rôle à un homme, quand même…

A la fin, on aura bien deux belles chorégraphies sur des chants magnifiques qui tombent des hauteurs du Palais. La preuve que si Cherkaoui et Jalet avaient bossé, ils pouvaient nous offrir quelque chose de construit, de fort, de violent. Ils ont en fait repris un projet présenté en 2010, qui a tourné depuis et qu’ils ont adapté en 2016 pour la Cour d’Honneur.

En comparaison, le spectacle de Preljocaj en 2015, Retour à Berratham,  tenait du chef d’œuvre.

Le festival d'Avignon est terminé pour moi : 23 spectacles en 6 jours !

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