La projection en salles d’un film d’Akira Kurosawa est toujours un évènement, tant le réalisateur nippon est considéré, à juste titre, comme un monument du 7ème art.
Les productions Carlotta, dont l’objectif est de proposer au public des versions neuves et restaurées des plus grands chefs d’oeuvre de l’histoire du cinéma, présentent 17 de ses films. Ils sortent actuellement, pour 9 d’entre eux, sur nos écrans. Parmi eux, Yojimbo, ou le Garde du corps.
Sorti en salles en 1961, le film conte les aventures d’un Samouraï, lequel par pur hasard (celui de la chute d’un bâton) arrive dans un village terrorisé par deux bandes rivales. Usant de roublardise, et de son sabre qui le rend invincible, il anéantit les derniers bandits, du moins ceux qui ont survécu jusque là.
Si le scénario vous dit quelque chose, rien de plus normal. Sergio Leone en a fait, ce qu’on appelle remake, d’autres diront plagiat, avec « Pour une poignée de dollars » en 1964, Clint Eastwood dans le rôle du cow-boy.
Mais on aurait tort de croire que Yojimbo est seulement un film de samouraï. Kurosawa a glissé quelques répliques qui en disent long sur son état d’esprit, dénonçant les fortunes acquises sur un coup de dés, ou les tueurs et voleurs qui seuls s’enrichissent.
Toshirô Mifune, l’acteur fétiche de Kurosawa, qu’on retrouve dans les Sept Samouraïs, Rashomon, le Château de l’araignée, la Forteresse cachée, Sanjuro… tient évidemment le rôle du Samouraï, lequel, quand on lui demande son nom, regarde par la fenêtre et déclare s’appeler « Champ de mûrier ». De dos sur la première scène du film, ainsi que sur la toute dernière, il est affublé d’un tic, haussement de l’épaule droite, peut-être métaphore de l’homme au service du peuple. Cependant, c’est aussi celui qui se tient au-dessus de la mêlée, lorsque juché au sommet d’un mât, il assiste aux prémisses d’un combat entre les deux bandes. C’est donc bien un personnage aux multiples visages, du redresseur de torts lorsqu’il délivre une jeune femme retenue prisonnière, à celui qui règle ses comptes avec ceux qui l’ont torturé.
Mais ce qui est la marque de Kurosawa dans Yojimbo, c’est l’humour déployé tout au long du film, peut-être objet de dérision vis-à-vis des westerns américains, humour qu’on retrouvera beaucoup plus tard dans Django enchained de Tarantino., dont le titre est emprunté au Django de Corbucci sorti en 1966, et dont le scénario rappelle celui de Yojimbo. Et la boucle est bouclée !
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