Elle est là, devant nous, plantée au centre de la scène, quand le public entre dans la salle. Elle, c’est le monument lyrique français, celle qui a écumé toutes les scènes du monde en interprétant les principaux rôles des opéras de Verdi ou de Mozart. Vêtue d’une longue robe rouge, des pains de glace au-dessus d’elle (enfin pas tout à fait) fondant goutte à goutte, métaphorant le temps qui passe, elle est Natalie Dessay. On vient d’abord parce que c’est elle.
On sait qu’elle a abandonné l’art lyrique pour le théâtre. A vrai dire, personne n’imaginait un échec, tant son amour du théâtre transparaissait dans les rôles lyriques, tels ceux de Violetta ou de la Reine de la Nuit.
Elle s’est emparée d’un texte d’Howard Barker, UND, sur une mise en scène de Jacques Vincey, Directeur du CDR (bientôt CDN) de Tours.
Une femme attend un homme qui est en retard. Perturbation dans l’ordre des choses qui va entraîner cette femme dans un monologue d’une heure où les mots cloches, aristocrate, juive, reviennent comme une antienne. Texte fort, parfois difficile à suivre pour le spectateur emporté dans un enchevêtrement de mots tourbillonnants, et parfois guettant les pains de glace qui menacent de s’écraser sur la scène. In fine, leur effondrement total marque la fermeture de la fenêtre inaugurée par le retard de l’homme.
Nul doute qu’on retrouvera notre ancienne soprano dans d’autres rôles sur les scènes de théâtre, d’autant que le spectateur est frappé par une voix d’une clarté, d’une sonorité et d’une force peu communes. C’est tellement rare !
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