jeudi 9 juin 2016

L'amour plus fort que la mort

L’Opéra National de Paris propose actuellement le ballet Giselle, créé à l’époque romantique, en 1841, dans ce lieu magique qu’on appelait à l’époque « l’Académie Royale de musique » et dont on doit la naissance à Louis le quatorzième. Ce qui en fait l’institution de la danse, la plus ancienne du monde. Le Roi Soleil n’a pas commis que des guerres, il a aussi donné aux arts toute sa noblesse.

La chorégraphie du ballet, d’après une nouvelle de Théophile Gauthier, sur un livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et une musique d’Adolphe Adam, est de Jean Coralli et Jules Perrot, tous deux maîtres de ballet. Quant au compositeur, il a certainement écrit là, un « pur chef d’œuvre, où l'instrumentation en est originale, colorée, merveilleuse » selon le mot de Saint-Saëns.

L’argument se décline en deux actes. Pour faire court : dans le premier, Giselle, jeune paysanne, s’éprend d’un jeune homme de passage, qui est en fait un prince, promis à la fille d’un duc. Quand elle apprend la vérité, Giselle est victime d’une crise de folie et tombe morte ; dans le second acte, en noir et blanc, le prince se rend sur la tombe de Giselle, retrouve la jeune fille au royaume des Wilis, jeunes filles mortes vierges, et leur reine Myrtha que le condamne à mort. Le prince ne sera sauvé que grâce à Giselle, qui dansera jusqu’à l’aube avant de retourner dans son tombeau. Comme on dit, l’amour est plus fort que la mort !

Dimanche 5 juin, la distribution était sans étoiles. La seule d’ailleurs de toute la programmation. Le Directeur de la Danse à l’Opéra (démissionnaire pour diverses raisons, qu’on connaît ou non d’ailleurs) avait fort judicieusement confié les rôles principaux, non pas à des Étoiles, mais à des danseurs et danseuses, moins bien classées dans la hiérarchie de l’Opéra. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à une représentation non étoilée, et je sais par expérience, que ce ne sont pas les moins bonnes, au contraire.  Et ce sont souvent les représentations les plus attendues de la balletomanie française.

Éléonore Guérineau
en Giselle, si elle m’a paru sur la réserve au début, et on peut aisément le comprendre, tant ce jour est pour elle mémorable, s’est totalement libérée dans la scène de la folie. Ses arabesques du second acte furent d’une grande beauté, en totale harmonie avec Arthus Raveau, dans le rôle du Prince. Ce dernier s’est fendu de 32 entrechats-six, qui ont déclenché les applaudissements du public bien avant la fin de cet exercice de bravoure pour un danseur, qu’on peut comparer aux fouettés pour la danseuse. On se souviendra longtemps de ce moment de grâce où le danseur s’approche du public, multipliant les entrechats, et s’écroulant à la fin de fatigue (c’est la chorégraphie !).

Belle musique, belle danse, dans ce Palais Garnier, haut lieu de l’art vivant.

Et pour clore, une petite vidéo avec les entrechats :

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