mardi 31 mai 2016

Quand un matou observe l'humanité qui se détraque...

Le cinéaste néerlandais Paul Verhoeven présentait en Compétition officielle au dernier festival de Cannes, « Elle », avec dans le rôle principal, celui d’Elle, Isabelle Huppert, laquelle, je ne sais trop comment, passe du théâtre vivant au 7ème art, et inversement, à très grande vitesse, puisqu’elle était récemment sur les écrans dans « l’Avenir », et à l’Odéon dans le rôle de Phèdre durant près de deux mois.

L’écran est noir, on entend une scène de viol, puis un chat, aux yeux verts apparaît. Verhoeven en fait le voyeur, celui qui a vu le viol, et l’agresseur, vêtu et masqué de noir. En fait, il est celui qui assiste, de près ou de loin, aux divagations des uns et des autres, car toutes et tous sont psychologiquement atteints. Il s’avère bien difficile de trouver un personnage stable dans cette histoire. Monde de tordus que nous présente le réalisateur hollandais, qui dépeint une société sans repères, sans morale, sans projet véritable, « Elle » étant directrice d’une société qui produit des jeux vidéos, modèle d’aliénation de la pensée humaine.

Il y a donc « Elle », Michèle Lombard, et ses parents dont son géniteur qui croupit en prison depuis 35 ans après avoir massacré une rue entière. Et un fils, serveur chez Quick (vous me direz qu’il en faut bien !), à peu près immature et qui se fait, et draguer, et malmener, par une jeune femme pas plus mature que lui. La voisine d’en face, totalement catho, mais qui n’en a pas l’air. Le voisin d’en face bien énigmatique. Puis les collègues de travail, capables de coups tordus. Enfin l’ex, un peu paumé lui aussi. Voilà la « société Verhoevienne » au sein de laquelle se meut un prédateur sexuel.

Les scènes de viol reviennent à deux reprises, la seconde fois dans l’imaginaire d’Isabelle Huppert, à tel point qu’on s’interroge sur la réalité de ce qu’ont vu vraiment les yeux du matou. C’est adroit de la part de Verhoeven, puisqu’on ne comprend pas pourquoi plainte n’est pas déposée. Ce qui ne laisse pas de poser question sur la personnalité de l’héroïne.

Le tout est bien filmé, Huppert est très bonne, mais ne m’a pas ébloui plus que ça. Finalement, je vais la préférer sur les planches, où dans les rôles de Phèdre, elle excellait.

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