Volta a Terra, littéralement « Retour à la terre », du portugais João Pedro Plácido, est un docu-fiction, où s’entremêlent le documentaire et la fiction, sans qu’on sache parfois ce qui relève de l’un ou de l’autre. Là où Depardon plantait sa caméra et prenait le temps « d’apprivoiser » ses paysans, Plácido préfère alterner les séquences et ne pas s’attarder.
Nous sommes dans un petit village agricole du nord du Portugal. Vivent là quelques jeunes et moins jeunes, de l’élevage bovin (vaches à très longues cornes, dites cachena) et de quelques cultures céréalières. Les distractions sont bien rares, mis à part la fête du village, fête agricole avec démonstration du battage au fléau, chansons d’autrefois et bal à la nuit tombante, et les fêtes catholiques avec leurs processions en l’honneur de Marie. Et puis, il y a aussi le jour où l’on tue le cochon, et chacun a sa tâche précise.
Daniel, guère plus de vingt ans, a quitté l’école rapidement et a repris la ferme de ses parents. Nous le voyons mener ses vaches au pré, les appelant par leur nom, usant d’un vocabulaire grossier, ou conduire le tracteur tirant une charrette de fumier.
Mais il voudrait bien se marier. Commence alors la fiction, les retrouvailles avec une amie d’enfance. S’ils dansent tous deux au bal du village, et s’il voudrait bien en faire son épouse, la jeune fille semble bien peu encline à venir s’enterrer là. Qui d’ailleurs accepterait, sinon une chinoise ou une brésilienne, comme il le dit d’ailleurs. Quant aux vieux, s’ils ne décolèrent pas après la Commission européenne et ses cravatés assis, on semble plus ou moins regretter le temps de Salazar et le fascisme, où l’on mangeait à sa faim.
Docu-fiction où le réalisateur se tourne vers un passé révolu, sans tirer quelque perspective d’avenir. D’ailleurs, on se demande bien quel est celui de Daniel. La dernière image, celle où sous la neige et par grand vent, il mène ses vaches au pré, en dit plus long qu’un discours sur un futur bien sombre…
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