La Vallée, film libanais de Ghassan Salhab, se déroule dans la plaine de la Bekaa, long couloir étroit situé entre deux chaînes de montagne au pays du cèdre.
Le cinéma libanais est rare, dans un pays divisé par les religions, les groupes armés, coincé entre Israël et la Syrie qui ont occupé récemment chacun une partie du pays, lequel connaît sporadiquement des attentats sans trop qu’on sache ceux qui en tirent les ficelles, et plus récemment encore qui reçoit un nombre colossal de réfugiés venant de Syrie. Raisons qui m’amènent à voir ce film.
Une route inondée de soleil, on entend les crissements des pneus d’une voiture, puis le choc. Un homme marche sur la route, la caméra le filme de dos, on voit sa nuque, sa tête. Un peu plus loin, une voiture est en panne avec ses quatre occupants. L’homme, en sang, propose ses services et redémarre la voiture. Pour le remercier, les quatre l’emmènent chez eux, dans une propriété gardée par des hommes en armes, pour le soigner. Or, il est devenu totalement amnésique, au point de ne plus savoir écrire. Qui est-il ? A-t-il vraiment perdu la mémoire ? ou simule-t-il ? Et qui sont les hôtes, fabriquants et pourvoyeurs de drogue ?
Le film, d’une lenteur extrême sur plus de deux heures, dans des paysages somptueux, est une succession de métaphores, souvent difficiles à décrypter. Il y a d’abord le serpent sur la route, coupé en deux par la voiture, qui figure le Liban morcelé. L’amnésie semble être celle des pays occidentaux qui laissent le Liban partir à la dérive. Puis le petit oiseau groggy après avoir heurté la vitre de la fenêtre, là, je me perds un peu… L’âne qui erre dans la propriété, dont on ne sait pas d’où il vient, que chacun laisse passer, symbolise peut-être l’afflux de réfugiés, et qu’on attend qu’il s’en aille (ils s’en aillent) ailleurs.
Dans une dernière partie du film, une armée, on ne sait pas laquelle, mais peu importe, envahit le pays. On entend le vrombissement des hélicos, on aperçoit des hordes d’avions de combat sillonner le ciel, on entend des explosions, mais on ne voit rien. On annonce la destruction de Beyrouth. Le village proche est soudainement désert. L’homme amnésique, regardant la Bekaa désertique est perplexe, puis il se tourne vers la caméra, semblant lancer un appel désespéré. C’est peut-être l’image forte du film !
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