« Les Ogres », très long métrage (près de deux heures et demie) de la réalisatrice Léa Fehner, est un moment d’ivresse filmique, de joie intense, d’amour partagé des arts vivants. C’est à la fois une œuvre fictionnelle, avec un scénario écrit par Léa Fehner elle-même, mais aussi un documentaire sur la vie d’une troupe théâtrale itinérante, proche du cirque.
En effet, la troupe itinérante n’est autre que celle de ses parents, dans la vraie vie l’Agit basée à Toulouse, dans le film le Davaï Théâtre. Il y a là François Fehner, le metteur en scène, sa compagne Marion Bouvarel, la sœur de Léa, Inès Fehner, tous les trois jouant leur propre rôle dans le film, avec d’autres comédiens qu’on soupçonne faisant partie de la troupe, une escouade d’enfants, certainement ceux des artistes, notamment les trois enfants d’Inès. Léa Fehner s’est en outre entourée d’acteurs extérieurs, et non des moindres puisqu’on savoure la présence de la délicieuse Adèle Haenel, héroïne « des Combattants », film multi primé à Cannes en 2014, qu’elle a judicieusement insérés dans la troupe de comédiens du théâtre ambulant.
Alors, à la manière un peu shakespearienne, plusieurs histoires s’imbriquent les unes dans les autres. On joue sous chapiteau, une pièce de Tchékhov, l’Ours, qu’on aperçoit le plus souvent des coulisses. Puis, il y a les histoires de la vraie vie, c'est-à-dire celles des relations humaines, festives souvent, mais aussi tumultueuses parfois, et Léa Fehner n’y est pas allée de main morte. Que ce soit celle des relations entre François et Marion sa compagne, deux acteurs de théâtre absolument sublimes dans le film, ou celle de Mona (Adèle Haenel), enceinte elle accouche dans le film, et de son compagnon M. Déloyal (Marc Barbé terrible et fragile à la fois) dont on apprend la mort d’un enfant quelques années auparavant, et qui ne s’en est pas remis, mais peut-on s’en remettre ?
Ajoutons une bande son formidable (on aurait presque envie de chanter avec les comédiens), et surtout, caméra à l’épaule, un chef opérateur qui filme au plus près les visages et les mimiques des uns des autres.
Un bouleversant hommage au spectacle vivant itinérant !
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