vendredi 1 avril 2016

Où les vivants côtoient les morts

Lors du Festival d’Avignon 2014, Emma Dante avait présenté « Le Sorelle Macaluso » que je n’avais pu voir, faute de places. C’était quelques semaines après la projection dans les salles de « Palerme » d’Emma Dante aussi, magnifique film où, dans une rue très étroite, deux voitures se font face, aucune de deux conductrices ne voulant reculer pour laisser la place à l’autre. On y passera la nuit !

La famille Macaluso étant de passage à la Maison de la Culture de Bourges, je ne pouvais manquer de m’y rendre.

Dans cette famille, les vivants côtoient les morts. Il y a sept filles, pas de garçons, l’une d’entre elles est décédée lors d’un jeu au bord de la mer. Le père et la mère sont morts eux aussi ainsi que le fils d’une des filles, footballeur en herbe et malade du cœur.

On rit beaucoup en entendant les filles s’invectiver, elles aussi d’ailleurs. Mais le drame est là, englouti, prêt à ressurgir à la moindre occasion. Il y a d’abord la noyade de la sœur, autrefois, dont on a rendu responsable Katia, laquelle, exclue de la famille, conçoit une haine farouche envers son père. Ce dernier déboule d’outre tombe, sans crier gare et décrit ce qu’était son travail autrefois, un boulot de chien et même pire, et que ses filles ignoraient. Puis la mort du gamin footballeur, et on accuse sa mère d’y être aussi pour quelque chose. Enfin, la mère des sept filles surgira pour danser avec son mari, et s’aimer goulûment tous deux.

On danse, et c’est magnifiquement chorégraphié, on chante, on crie, on rit, on ne s’ennuie pas un instant dans cette belle langue italienne, mixée au dialecte palermirtain, nous dit-on. In fine, l’une des filles qui voulait devenir danseuse, se voit offrir un tutu, qu’elle revêt, devenant une sorte de pantin dansant dans la mort. C’est beau et triste à la fois, c’est la vie en Sicile !

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