Ce soir, Allège me procure beaucoup d’interrogations (quoique l’art vivant est justement fait pour ça !).
A l’apparition de la lumière, en fond de scène, une bouilloire électrique dégage de la vapeur. Entre Clément Layes, un seau à la main, la tête très inclinée vers le bas, un verre tient en équilibre sur la nuque. Du seau, il sort plusieurs bouteilles d’eau (pleines, mais sans bouchon), des verres, une petite plante verte, un chiffon, qu’il dispose par terre. Le verre vide toujours sur la nuque, il en remplit d’autres, asperge le tout, essuie l’eau, va chercher un arrosoir avec lequel il remplit celui resté sur la nuque (essayez donc !)… Ô miracle, lentement, mais sûrement, le verre glisse de la nuque sur son front, puis sur la tempe, cela seulement en inclinant la tête. Puis il reprend ses remplissages de verres, son arrosage de la plante verte et j’en passe. Fabuleux exercice d’équilibre.
Le verre enfin à la main, on pense que c’est fini ! mais non… Voilà qu’il jette au public, des mots, en anglais ou en français : philosophie, plaisir, écologie, océan, meeting politique, énergie, rêve, nouvelle organisation…
Qu’est-ce tout cela ? est-ce simple galéjade, ou faut-il y voir l’instabilité du monde actuel métaphorée par l’équilibre du verre, un appel écologique, à moins que ce ne soit une réflexion philosophique, le verre symbolisant le joug ? A chacun son opinion…
A l’issue du spectacle, je me suis rendu au café de théâtre réouvert tout spécialement par la Scène nationale pour les Performances. J’ai pris une assiette de quatre fromages et une pression. Absolument délicieux ! Courez-y, il y a de la soupe, des assiettes de charcuterie, des desserts, du vin (à consommer modérément)… Pourvu que ça dure…
Après le fromage et la « Grim » ambrée, voilà Époque.
Deux danseurs sud-américains, un homme et une femme, sont sur scène vide de décor et d’accessoire. Dans un silence de cathédrale, lui vêtu seulement d’une robe courte et noire, une jambe taguée de mille couleurs, elle portant short et maillot noirs, interprètent des gestes, tantôt lents, tantôt brefs, parfois ceux de la vie quotidienne, tantôt ceux de sportifs, imitant des animaux, les visages évoquant la joie, le plaisir, l’étonnement, la peur… tous les sentiments qu’un être humain peut ressentir à un moment quelconque de sa journée, ou de sa vie.
Reparaissant totalement nus, la danse continue au sol, dans une sorte de transe, pour se terminer par des auto-massages, peut-être symbolisant la nuit, l’amour, le matin au réveil.
Rhabillés (enfin, pas tout à fait !), ils reprennent leurs rythmes saccadés, appelant le public à battre des mains, dans un final enivrant où l’on songe à un défilé de mode féminine.
Spectacle surprenant, insolite, provoquant au bon sens du terme ! Chorégraphie particulièrement fine qui a dû exiger un travail intense, et qui nécessite une véritable débauche d’énergie de la part des deux danseurs. Y aurait-il un peu de Pina Bausch, quelque part, là, sur scène ?
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