Isabelle Huppert au sommet de son art...

Petit chef d’œuvre cinématographique, que « l’Avenir » de Mia Hansen-Løve, Ours d’argent du meilleur réalisateur à la Berlinale 2016, film où l’on retrouve Isabelle Huppert en professeur de Philosophie. Tiens, au fait : la mère de la réalisatrice était aussi prof de philo. Simple coïncidence ? Probablement pas !

Le hasard faisant bien les choses, dès le début du film, on découvre des lycéens en révolte, bloquant l’accès aux cours. C’était au temps d’une réforme des retraites. Finalement, ce sont toujours les jeunes qui trinquent : hier les retraites, aujourd’hui le code du travail. Demain, quoi d’autre ?

Donc, Nathalie/Isabelle, mariée à un autre prof de philo (il y a de quoi parler philo à la maison où les livres pullulent), deux grands enfants qui ont quitté le logis familial, une mère que guette la démence, des élèves sympas et studieux (oui, ça existe !), un ancien élève devenu normalien, enfin, la vie quoi…

L’avenir ne sera pas tout rose quand, coup sur coup, son mari la quitte pour une autre femme et que sa mère meurt subitement. Voilà la liberté pleine et entière pour Nathalie/Isabelle qui part dans le Vercors retrouver une bande de jeunes français et allemands, lesquels décident de vivre de la réflexion philosophique, dans une ancienne ferme à l’écart du village. Faut-il jeter le droit d’auteur aux oubliettes ? voilà un thème de discussion chez nos chers philosophes, bien loin des débats de bas étage sur la déchéance de nationalité qui a agité le microcosme politique ces dernières semaines.

Isabelle Huppert est au sommet de son art. Elle est partout, formidable, toujours parfaitement juste. Elle est en quelque sorte une reine qui voltige de Paris au Vercors en passant par la Bretagne où le mari, enfin son ex, détient une résidence secondaire, dans un film où l’avenir est sans doute représenté par l’enfant qui vient de naître (la voilà mamie), entre les sourires des grands-parents et les pleurs de la maman. In fine, on fête Noël en petite famille, l’ex, devenu solitaire, étant mis proprement à la porte : n’avait qu’à calmer ses ardeurs libidineuses ! Enfin, une bande-son à dévorer toute crue…

Un film à conseiller, plutôt à celles et ceux qui pensent, qui réfléchissent, qui conceptualisent, enfin ceux qui ont un cerveau. Le Festival de Berlin ne s’y est pas trompé !