mardi 19 avril 2016

Instabilité d'une plage convexe

Sébastien Betbeder reste fidèle à sa logique. Dans « Deux automnes, trois hivers », il mettait en scène quatre personnages qui racontaient, chacun leur tour, face caméra, leur itinéraire. De là naîtraient ou non, deux couples, mais lesquels, et pour quelle destinée.

Dans « Marie et les naufragés », on a droit aussi à l’itinéraire de chacun, raconté en voix off avec vidéos d’enfance à l’appui.
Trois personnages centraux sont tous un peu instables dans la vie, décalés par rapport à la norme, un peu naufragés, sans qu’ils sachent, les uns les autres, si un port d’attache veut bien d’eux. Et lorsqu’il s’en présente un, ils fuient aussitôt.

Siméon (Pierre Rochefort), sympa comme tout, collectionne les aventures amoureuses. L’une d’elles lui a laissé une petite fille qu’il emmène voir un film, on dira coquin, ou bien qu’il promène au Père Lachaise. Il n’a pas de travail, vit de petits trucs. Son copain, Victor avec qui il coloque, est somnambule. De quoi rendre les nuits agitées.
En face, il y a Antoine (Éric Cantona, qui en impose autant par son jeu d’acteur qu’au temps jadis à la pointe de l’attaque), écrivain qui n’a publié qu’un seul roman.
Et puis, Marie (Vimala Pons aussi belle que mystérieuse – elle vit sur une péniche à Paris, s’est formé aux arts du cirque, a déjà tourné avec les plus grands, Rivette, Resnais, Podalydès, Honoré…), jeune femme, elle non plus pas très stable, vit de la pub, en participant à des clips vidéo. Elle a laissé tomber Antoine, au grand désespoir de ce dernier. Siméon voudrait bien prendre son tour auprès de la jolie femme.

Tous quatre se retrouvent sur l’île de Groix, pour un clip pas mal déjanté auquel participe Marie, sur une « plage convexe », qui change d’emplacement (je parle de la plage) au gré de ses humeurs. En fait, dans ce long métrage, tout est instable, de la plage au belge rencontré dans un bar au début, et qui ne sait plus trop pourquoi il est venu à Paris.

Tout cela est traité avec humour, mais il faut bien reconnaître que la sauce a bien du mal à prendre, bien que le final dansé sur une musique de Sébastien Tellier, soit lumineux !

Espérons que Sébastien Betbeder, à nouveau programmé à Cannes par l’ACID pour son prochain « Voyage au Groenland », se hisse au niveau des « Deux automnes, trois hivers ». On attend son nouveau film avec impatience, d’autant qu’il y aura Thomas Blanchard qui nous avait éblouis dans « Préjudice ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.