mardi 15 mars 2016

Tchaikovski à la fête au Palais Garnier


J’étais à Garnier lundi soir pour la représentation de Iolanta/Casse-noisette, mis en scène par le russe Tcherniakov avec à la baguette, Alain Altinoglu.

Au micro sur scène, on annonce Sonya Yoncheva souffrante (dépit chez les spectateurs), pour aussitôt préciser qu’elle chantera néanmoins (applaudissements chez les spectateurs).

J’ai apprécié Iolanta, l’opéra de Tchaikovski, qui m’a beaucoup touché.
Nous sommes à la cour du roi René, en Provence. La fille du roi est aveugle de naissance, mais personne ne lui a jamais, sur ordre de son père, parler de la vue, Iolanta pensant que les yeux, ça ne sert qu’à pleurer. Arrive un chevalier qui tombe follement amoureux de la jeune fille, et lui révèle la vérité. Ce qui, conformément aux prédictions d’un médecin maure, lui permet de voir. Ben oui, quand on est amoureuse…
Alors, certes, on comprend difficilement qu’un Duc de Bourgogne se rendant à la cour du Roi de Provence, y rencontre René coiffé d’une chapka. Il m’a aussi semblé que le compositeur russe avait un peu bâclé la fin, soit ! Mais j’ai apprécié à leur juste valeur, la voix de basse d’Alexander Tsymbalyuk, celle du ténor Arnold Rutkowski dans le rôle de Vaudémont, peut-être un peu légère, et bien sûr Sonya Yoncheva qu’on ne présente plus : même souffrante, sa voix est exceptionnelle ! Mais pourquoi donc faut-il, tant à Garnier qu’à Bastille, placer le surtitrage à une telle hauteur !

Tcherniakov a su fort habilement lier l’opéra au ballet en faisant intervenir Marie dans les dernières minutes de l’opéra, puis en faisant applaudir les chanteurs par les danseurs : le public se prêtant au jeu, finit par applaudir lui aussi. Astucieuse trouvaille de metteur en scène. Venons-en  donc au ballet ! Tout d’abord, oublier totalement la version classique (et donc celle de Noureiev à Paris) est d’une totale évidence, même si c’est difficile, je sais…

La nouvelle chorégraphie de Casse-noisette a été confiée à trois artistes, le portugais Arthur Pita, le québécois Édouard Lock et le belge Sidi Larbi Cherkaoui.

J’ai adoré l’anniversaire de Marie, chorégraphié par Pita. On m’objectera qu’il y a bien peu de danse… Et alors ? C’est absolument réjouissant, voire jouissif, et les danseurs donnent vraiment le sentiment de s’amuser sur scène.

Puis vient la nuit de Lock. J’avais déjà vu de ce chorégraphe, Andréauria que j’avais adoré. Et Lock ne m’a pas déçu hier soir. Il semble bien que sa danseuse préférée soit Alice Renavand (elle dansait déjà Andréauria). L’Étoile est tout bonnement fabuleuse, sa gestuelle ultra rapide  et si compliquée fait véritablement merveille. Je sens d’ailleurs que je vais devenir un fan de Lock, tant il m’a ensuite ébloui dans divertissement, ce qu’on appelle les danses de caractère, même si je suis resté sur ma faim dans la forêt, où j’ai moins adhéré au propos.

Cherkaoui m’a semblé plus inégal. Ses pas de deux sont très réussis, notamment le dernier avec Marion Barbeau et l’Étoile Stéphane Bullion (qui semble sorti du placard !), la valse des flocons est une merveille, surtout du point de vue de la scénographie, laquelle n’est sans point sortie de son imagination, mais plutôt de celle de Tcherniakov ; ceci dit, celle des fleurs m’a semblé d’une banalité confondante. Dommage ! Enfin, pour terminer, ce qu’on appelle dans la chorégraphie classique la variation de la Fée Dragée, on a beau s’astreindre à ignorer celle de Noureiev, on pense forcément à ce morceau d’anthologie. Là, Cherkaoui ne joue pas dans la même cour. C’est beau ce que fait Marion Barbeau, mais cela reste bien en deçà, même s’il ne faut pas comparer.

Pas de huées, pas de sifflets lors des saluts où chanteurs et danseurs se présentent ensemble sur la scène.  Les applaudissements furent chaleureux, la soirée fabuleuse, l’orchestre remarquable et l’auteur de ces lignes ravi !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.